Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Quand on se plonge dans l’entreprise on découvre souvent du burn out »
Spécialiste des risques psychosociaux en entreprises, Jean-François Steunou intervient notamment dans les Alpes-Maritimes. Il accompagne les entreprises qui rencontrent une difficulté ou un bouleversement. Et, souvent, dit-il, il débusque des burn out.
Vous rencontrez de plus en plus de burn out ?
Quand une entreprise fait appel à moi, ce n’est pas pour ça directement, mais je découvre des cas de burn out par incidence.
Est-il difficile de le faire admettre ?
Quand on évoque les risques psychosociaux dans certaines boîtes, les gens regardent leurs chaussures, en se disant « encore un syndicaliste ». Les cadres dirigeants, les managers de haut niveau ne veulent pas mettre de mot sur leur mal-être. Ils disent que c’est du surmenage. Mais ça va bien au-delà.
Les symptômes ?
Il n’y a plus d’énergie mobilisable, plus d’appétence pour quoi que ce soit. Ce n’est pas de la mélancolie, ni de la dépression. Souvent, ils continuent à avoir du plaisir dans leur travail. Tant que le cerveau vous dit que c’est possible, vous faites!
Il est temps de prendre en compte le burn out ?
Oui ! Pour une raison évidente qui tient à l’être humain. Mais pas seulement. Vous savez ce que coûte le burn out à la collectivité ? J’interviens dans une grande boite qui travaille en lien avec l’État à l’international. Trois salariés sont en burn out. Ça a un coût pour la boîte, pour la France, et un coût à l’international. Si le patron d’une boîte est en burn out, il y a une baisse de % de ses activités l’année suivante. On prend des assurances pour tout et n’importe quoi. Pour les inondations, alors qu’il y a un risque minime. Le burn out est, pourtant, beaucoup plus probable.
Vous en décelez dans tous les secteurs ?
Dans l’Education nationale, dans les entreprises. Mais aussi chez les prêtres ! Ils ont un territoire énorme à couvrir, sont très isolés, ils passent leur temps à courir. Oui, mais moins visibles. La fameuse traversée du désert, c’est souvent un burn out.
En politique ?