Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Une bibliothécaire vole au secours de Carmen Marder
Après avoir lu Nice-Matin, Brigitte Sagot, responsable du service « périodiques » à la bibliothèque Nucéra, a mené l’enquête. Pour dénicher le décret de naturalisation du père de Carmen Marder
L’histoire kafkaïenne dans laquelle se débattent Josiane et sa tante Carmen Marder, née à Metz en Lorraine, qui, à 86 ans, se retrouve privée d’identité faute de pouvoir justifier de sa nationalité française, vient d’être résolue. Grâce, notamment, à l’aide précieuse d’une bibliothécaire niçoise. C’est en lisant Nice-Matin(1)que Brigitte Sagot, responsable du service des périodiques à la bibliothèque municipale Louis-Nucéra découvre le cas de Carmen et les démarches entreprises par sa nièce Josiane, qui l’héberge à Nice, pour renouveler sa carte d’identité. Mais voilà, le dossier déposé aux services municipaux rue Gabriel-Fauré, comprenant notamment l’extrait d’état civil de Carmen avec tampon de la mairie de Metz, se heurte au refus du centre d’expertise et de ressources de la préfecture de Toulon. Qui lui réclame le décret de naturalisation de ses parents d’origine polonaise.
Signé Paul Doumergue…
Pour Josiane, c’est mission impossible. « Datant des années 1800, ce document est introuvable. » Pas pour Brigitte Sagot. Cette responsable du service des périodiques, qui gère 3 500 titres, est habituée aux recherches minutieuses. Ce qu’elle entreprend pour Carmen, en consultant les archives du Journal Officiel (JO) mises en ligne, sur Internet, par la Bibliothèque nationale de France. « Après avoir inscrit le nom de Marder sans mentionner de date précise, j’ai lancé la recherche, explique-t-elle. Quelques minutes plus tard, le document est apparu sur mon ordinateur. » En l’occurrence une page jaunie du JO en date du 15 avril 1930 sur laquelle on peut lire le décret de naturalisation de Marder (Chaïm-Henri) commerçant, né le 23 décembre 1887 à Przeworsk (Pologne) demeurant à Metz. Le tout est signé par le président de la République de l’époque, Gaston Doumergue, sur la base du rapport établi par le garde des Sceaux, Raoul Péret. Ce précieux document, Brigitte Sabot l’a expédié, par mail, à notre rédaction en espérant que Chaïm-Henri Marder soit bien le père de Carmen. Ce que nous avons vérifié.
« Oui, c’est bien mon grand-père ! »
Un coup de téléphone plus tard, c’est une Josiane aux anges que nous avons au bout du fil. « Mais oui, c’est bien mon grand-père ! C’est génial ! Comment remercier cette dame ? » Brigitte assure n’avoir effectué que son travail. « Beaucoup de Niçois nés soit à l’étranger, soit dans d’anciens départements ou territoires français, se retrouvent confrontés aux mêmes problèmes. À devoir fournir des extraits d’état-civil ou décret de naturalisation difficiles à trouver. Notre rôle est de les aider dans leurs recherches pour dénicher ces documents qu’ils n’ont pas. » Et d’expliquer que pour un néophyte, se connecter à la Bibliothèque nationale de France, fouiller les archives mises en ligne, est un exercice un peu ardu. « C’est pourquoi nous sommes là, pour rendre ce service. » Josiane et Carmen sont, elles, ravies de ce coup de pouce aussi inattendu qu’inespéré. À peine transmis, le précieux document a déjà été envoyé. Par mail, aux services de la rue Gabriel-Fauré pour étoffer le dossier de Carmen qui avance… Et même très bien, puisqu’il vient d’être bouclé ! Et c’est Josiane qui est allée récupérer, aux services de la rue GabrielFauré, la toute nouvelle carte d’identité de sa tante, Carmen. « Elle est folle de joie et moi, je suis soulagée. Nous allons pouvoir reprendre les démarches administratives et rendez-vous médicaux laissés en suspens. Pour ma tante, c’est une nouvelle vie qui commence. Merci ! »