Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Django Reda
L’histoire En 1943, pendant l’occupation allemande, Django Reinhardt (Reda Kateb), véritable “guitar hero”, est au sommet de son art. Aux Folies Bergères, il fait vibrer le tout-paris avec l’insouciance de son jazz manouche. Lorsque la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts, Django sent enfin le danger et décide de passer en Suisse, avec sa femme et sa mère. Au cours de sa fuite, facilitée par une de ses maîtresses, Louise de Klerk (Cécile de France), qui fraye avec l’occupant, il va prendre conscience du sort funeste réservé à ses frères tziganes, pourchassés et massacrés dans toute l’Europe… Notre avis
Étonnant destin que celui de ce premier biopic de Django Reinhardt, réalisé par un débutant, (Étienne Comar, dont c’est le premier long-métrage), alors que plusieurs grands studios américains étaient sur les rangs et qui s’est retrouvé en ouverture de la Berlinale… Alors qu’il raconte, justement, comment le guitariste a tout fait pour ne pas aller jouer en Allemagne ! Aux Rencontres d’Avignon, où le film était présenté en avant-première française, le réalisateur nous a confié avoir été « particulièrement touché » par l’accueil qui lui a été réservé à Berlin par le public et par les professionnels. Mais son film le mérite amplement. S’éloignant du biopic classique (enfance, ascension, chute, rédemption), il se concentre sur l’épisode de la fuite de Paris pour montrer comment le musicien de génie, enfermé dans sa bulle de rock star avant l’heure, se rend enfin compte de ce qui se passe autour de lui et décide de composer un Requiem au peuple tzigane massacré par les nazis. Requiem dont quelques mesures seulement ont été conservées (Django Reinhardt n’écrivait pas sa musique) et qui a dû être complété pour être joué dans le final du film. Reda Kateb, extraordinaire dans le rôle-titre, s’est tellement imprégné de la personnalité de Django qu’il n’a presque pas été doublé pour les scènes où il joue de la guitare. Elles sont parmi les plus réussies de ce film épatant, qu’on conseillera bien sûr aux fans de jazz et de Django, mais, au-delà, à tous ceux qui aiment le bon cinéma.