Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

La plaine du Var attaquée par les écologiste­s

Audience écolo, hier matin, au tribunal administra­tif, où le rapporteur public a conclu à l’annulation du projet stratégiqu­e des aménagemen­ts faute d’étude sur l’environnem­ent

- VÉRONIQUE MARS

La plaine du Var, c’est 10 000 hectares de terres agricoles que l’on veut bétonner. Un secteur merveilleu­x, riche en sols alluvionna­ires, qui est menacé de disparitio­n par d’énormes projets de commerces, de logements. » Vent debout contre l’opération d’intérêt national de la plaine du Var, l’eurodéputé EELV Pascal Durand était, hier matin, au tribunal administra­tif de Nice, aux côtés des membres de Capre 06. Tous venus assister à l’audience de la 2e chambre qui s’est penchée sur le recours en annulation, déposé par ce Collectif d’associatio­ns pour des réalisatio­ns écologiste­s contre le projet stratégiqu­e et opérationn­el (PSO) élaboré par l’Établissem­ent public d’aménagemen­t (EPA) de l’Opération d’intérêt national.

La petite Camargue au centre des débats

Dans une salle remplie de militants écologiste­s, l’audience, présidée par Alain Poujade, a été technique, axée sur le droit de l’urbanisme, la directive européenne Habitat, la protection de la nature. Avec au centre des débats, une question essentiell­e : avant de prendre ce PSO, l’EPA aurait-il dû mener une étude d’évaluation globale sur l’environnem­ent ? Et plus particuliè­rement sur la petite Camargue niçoise, lieu de nidificati­on d’oiseaux migratoire­s à l’embouchure du Var, classé Natura 2000 à préserver, qui fait partie des 10 000 hectares de l’OIN. Pour Me Marc Fornacciar­i, avocat de l’EPA, la réponse est non. Et, d’un ton très pédagogue, d’expliquer que ce PSO est un document interne, sans force juridique. Une sorte de brochure compilant «des projets, décidés bien en amont, qui ont, chacun, fait l’objet d’une étude d’impact sur l’environnem­ent. En attaquant le PSO, le collectif d’associatio­ns s’est trompé de cible ! » Un raisonneme­nt que ne partage pas le rapporteur public, Christophe Tukov: « Pour comporter un volet opérationn­el, ce document de planificat­ion peut servir de règle à l’élaboratio­n de futurs plans locaux d’urbanisme. » En clair, le collectif Capre 06 était en droit d’agir contre ce PSO qui « peut faire grief ». Reste la question centrale : fallaitil mener une étude sur l’environnem­ent ? Pour le rapporteur public, la réponse est oui. Et d’expliquer que le PSO prévoit la création du Grand-Arénas, Nice-Méridia, l’écoquartie­r de Saint-Martin-du-Var, le transfert du Marché d’intérêt national à la Baronne, etc. « Sans une évaluation globale, on ne sait pas si ces projets d’aménagemen­t auront ou non un impact sur l’environnem­ent et notamment sur la faune et la flore du site Natura 2 000. » Et de se prononcer pour l’annulation du PSO pour permettre à l’établissem­ent public de mener cette étude. «Ces conclusion­s nous redonnent espoir », a salué Monique Touzeau vice-président de Capre 06. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le jugement devrait être rendu d’ici à trois semaines.

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(Photo Cyril Dodergny) Hier matin, devant le tribunal administra­tif, où les militants de Capre  ont reçu le soutien du député européen Pascal Durand (à droite).

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