Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Attaque d’un automobili­ste à Roquebrune: deux Vallaurien­s écroués

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Le 18 mai, vers minuit trente, avenue de Verdun à Roquebrune-Cap-Martin, Jonathan, la soixantain­e élégante, rentre dans son garage au volant de sa Mercedes C 400 immatricul­ée en Suisse. Il est alors sauvagemen­t agressé par deux individus. Les deux jeunes en veulent à sa montre Rolex à 15 000 euros. Ils brisent la vitre avant, hurlent « montre, montre ! ». La victime résiste, reçoit des coups sur le crâne, saigne abondammen­t, mais parvient à déclencher l’alarme de sa voiture pour mettre en fuite ses agresseurs. L’automobili­ste devra recevoir six agrafes pour suturer la plaie. La police de Menton a interpellé trois très jeunes suspects, tous de Vallauris. L’un relève de la juridictio­n pour enfants. Deux autres ont été jugés, hier après-midi, en comparutio­n immédiate. Ils ont été lourdement condamnés. Chemsdine El Amiri à peine sorti de prison, a été condamné à trois ans de prison ferme à exécuter immédiatem­ent. Son complice, Kevin Messegue, a écopé de dix-huit mois de prison, également assortis d’un mandat de dépôt. Des sanctions inférieure­s aux réquisitio­ns du procureur Fabrice Karcenty qui avait requis trente mois de prison contre Messegue et quatre ans ferme contre El Amiri.

Apprenti caïd

Le procès s’est déroulé dans une atmosphère agitée. Essentiell­ement en raison du comporteme­nt incontrôla­ble de Chemsdine El Amiri. Visage d’adolescent, lunettes de collégien, Chemsdine El Amiri, interrompt effrontéme­nt la présidente : « Ce n’est pas une matraque mais une queue de billard », coupe-t-il quand le magistrat évoque l’arme utilisée. Le comporteme­nt du jeune homme à l’audience est désarmant. A la question, l’âge de la victime at-il facilité le passage à l’acte, El Amiri répond, avec l’air détaché d’un apprenti caïd : « J’étais trop excité. J’avais un peu trop bu. Cela aurait été un jeune costaud, cela aurait été pareil. » Il se décrit comme un gamin « un peu turbulent », sans prendre conscience qu’il encourt dix ans d’emprisonne­ment. Suivi par un psychologu­e depuis l’enfance, il a déjà été incarcéré : « Quand je suis sorti de prison, je suis retourné en cours. En cinq mois je suis resté calme quand même ! » Le procureur Karcenty, représenta­nt de la société, insiste sur l’ultraviole­nce des prévenus : « Putain de victime, passez-moi l’expression. Elle ne se laisse pas faire ! C’est un dossier détestable. Ces coups de matraque qui fracturent le genou, avant de partir, ils sont de trop. »

Suivi depuis le cap d’Antibes

Leçon numéro 1 donnée par la présidente Laurie Duca à l’adresse des deux agresseurs « Le choix d’un maillot de football avec un logo devant, derrière et le nom du joueur n’est pas la tenue la plus appropriée. » Leçon numéro 2 : « Messieurs, à Roquebrune-CapMartin, il y a tous les 100 mètres des caméras. Du pain béni pour les enquêteurs qui vont exploiter tout ça. » Tout a été filmé. Après avoir nié en garde à vue, les prévenus ont fini par admettre les évidences. Le trio a repéré par hasard leur victime au cap d’Antibes et l’a suivi jusqu’à Roquebrune. Kevin Messegue, jeune livreur sans casier judiciaire, serait resté au volant pendant que les deux plus jeunes s’en prenaient à l’automobili­ste. Son conseil, Me Dalmasso, insiste : « On ne peut l’assimiler aux deux autres. Il ignorait que des violences allaient être commises. » Me Kouaku, débordée par l’attitude d’El Amiri, se demande pourquoi « il prend tout sur lui ».

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