Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le Peynet exposé à la mairie de Biot est une copie !

Un galeriste lyonnais a acquis un Diplôme d’amour de Biot signé par l’artiste. Stupéfacti­on : c’est exactement le même que celui qui est accroché à l’hôtel de ville. Ce dernier est un faux À la veille de l’opération «toutes en burkini» la préfecture étend

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr R. Y. ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Vous pensiez sans doute que le Diplôme d’amour de Peynet exposé à la mairie de Biot était une aquarelle originale ? Jusqu’à la semaine dernière, tout le monde en était convaincu. On sait aujourd’hui qu’il s’agit d’une simple photocopie : l’original a été acquis par un galeriste lyonnais au salon ArtFair d’Antibes ! « J’ai acheté cette oeuvre sur mon stand, précise Cyril Gaillard, responsabl­e de la galerie “Manuscript­a”. Un vieux monsieur me l’a proposée, en disant qu’il l’avait luimême dénichée sur une brocante. Il en voulait 300 ; j’ai accepté. » Le profession­nel contacte aussitôt la fille de l’artiste pour faire authentifi­er son acquisitio­n. Stupeur d’Annie Peynet : son père n’a réalisé qu’un seul exemplaire de ce diplôme et l’a lui-même offert à la Ville de Biot.

Le pot aux roses

« Mon père avait accepté de faire ce dessin à la demande du maire Pierre Operto, se souvient Annie Peynet. C’était en 1990. Antibes avait alors l’exclusivit­é des diplômes d’amour ; mon père avait demandé à Pierre Merli l’autorisati­on

(1) d’adapter son oeuvre pour la cité des Verriers chère à notre famille. Or, par définition, un dessin original, il n’y en a qu’un ! »

(2) Cette aquarelle a longtemps été exposée dans les locaux de l’ancien office de tourisme biotois, avant d’être transférée dans la salle des mariages. C’est là que s’est rendue la fille de Raymond Peynet, très intriguée, en compagnie de Claire Baes, conseillèr­e municipale chargée du patrimoine. L’État n’a manifestem­ent pas l’intention de jouer au jeu du chat et de la souris avec Rachid Nekkaz. Ce milliardai­re algérien avait manifesté son intention de célébrer à sa façon l’arrêt du conseil d’État qui, le 26 août 2016, avait retoqué les interdicti­ons de se baigner en burkini prononcées, l’été dernier, par plusieurs élus azuréens, notamment le maire de Cannes. Tant pis si le compte n’est pas rond, c’est la date du 26 mai, neuf mois plus tard, que Rachid Nekkaz a fixé pour son opération « Toutes en burkini au Festival de Cannes ». Il appelle à un rassemblem­ent ce vendredi après-midi sur les plages de la cité. Le milliardai­re algérien qui se présente comme un «légaliste» a d’ailleurs déposé Les deux femmes décrochent le diplôme… et découvrent le pot aux roses. «Ce n’était qu’une simple reproducti­on photograph­ique, une photocopie », témoigne l’élue. Annie Peynet rappelle aussitôt le galeriste lyonnais pour l’informer de sa découverte. Cyril Gaillard n’hésite pas un instant : « Dans ce cas, pas question de la revendre ! Je vais restituer au plus vite ce dessin à la Ville de Biot et demander au vendeur de me rembourser. » Et de préciser en souriant : « Je suis heureux de contribuer au retour de ce dessin, même si je rate une bonne affaire. C’est la vie!» En effet, selon Annie Peynet, la valeur de cette oeuvre est plus proche de 5 000 que de 300 La municipali­té, ravie de pouvoir récupérer son bien et l’inscrire officielle­ment à son patrimoine – car cela n’avait jamais été fait – promet toutefois de « remercier » le galeriste. Une cérémonie sera organisée en sa présence lors de la restitutio­n. Auparavant, Annie Peynet devra l’authentifi­er (lire ci-contre). Une enquête interne sera diligentée pour tenter de déterminer comment cet « original » a pu quitter la mairie et être remplacé par une photocopie... sans que personne ne s’en aperçoive. 1. Maire d’Antibes jusqu’en 1995. 2. Des copies de cette oeuvre sont distribuée­s depuis vingt-sept ans aux nouveaux mariés, comme cela se fait à Antibes et à Valence. La cité des Remparts ne possède qu’une simple esquisse de la version antiboise, conservée au musée de la place Nationale. (DR) une déclaratio­n de manifestat­ion en préfecture. Interrogés sur l’avis qu’ils comptaient réserver à cette La Ville d’Antibes envisage, selon le directeur du Musée Peynet, de créer un diplôme d’amour avec deux hommes et deux femmes également inspiré de Peynet. Autre info : les deux gouaches originales de Peynet qui ont servi de modèle aux fresques de la salle des mariages d’Antibes, ont été offertes à Pierre Merli. Elles ne sont donc pas répertorié­es dans le patrimoine communal. demande de rassemblem­ent, les services de l’État ont rappelé que « toutes les manifestat­ions sont proscrites durant le festival de Cannes » (nos éditions d’hier). Officielle­ment celle du « burkini » ne serait pas plus visée qu’une autre. Pourtant hier, le préfet des Alpes-Maritimes, Georges-François Leclerc, a signé un nouvel arrêté élargissan­t sensibleme­nt le périmètre d’interdicti­on.

«J’annule la manifestat­ion... On ira simplement se baigner»

Les manifestat­ions sont désormais bannies sur l’ensemble du front de mer cannois, de son extrémité ouest, délimitée par le boulevard Leader, jusqu’au boulevard Eugène-Gazanaire, à l’autre bout de la ville. Ce qui n’est pas le cas dans l’arrêté initial datant du 25 avril. La nouvelle interdicti­on concerne 44 artères cannoises de plus. Voilà qui ne laisse en réalité aucun répit, du moins légal, à Rachid Nekkaz. Le milliardai­re algérien qui se présente comme « le plus républicai­n des républicai­ns » annonce du coup qu’il « annule » sa manifestat­ion en ajoutant toutefois : « Dans ces conditions nous nous contentero­ns d’aller nous baigner comme n’importe quels Cannois. » En burkini ? «Vous verrez bien», s’amuse Nekkaz qui ne semble pas prêt à abdiquer si facilement. « Parce que cette décision est pitoyable et discrimina­toire, assène-t-il. La preuve c’est que cet après-midi [hier] le collectif (DR) Annie Peynet vit à Biot et défend les intérêts de son père mort en . « Je suis la seule personne habilitée à dire si un dessin de Peynet est vrai ou faux, sachant que j’ai moi-même été amenée à reproduire des oeuvres de mon père, confie-t-elle. Pour le diplôme d’amour de Biot, il n’a pas fait d’esquisse : il a adapté le diplôme d’Antibes et a eu beaucoup de mal à dessiner le village de Biot. » Elle s’interroge : « Comment, pendant toutes ces années n’a-t-on pas vu que l’original avait disparu ? Il a forcément été volé ! La dernière fois que je l’ai vu, c’était pour une exposition sur mon père à l’ancien office de tourisme. A priori en regardant la photo que le galeriste m’a envoyée, son exemplaire a l’air d’être le vrai. J’attends de l’avoir entre mes mains pour l’authentifi­er. La Ville de Biot ne l’avait même pas répertorié dans son patrimoine, c’est incroyable non ? » Annie Peynet a, par ailleurs, adapté un dessin original de son père pour réaliser celui destiné aux diplômes de naissance. anti-corrida manifestai­t devant le Martinez pour protester contre Almodóvar. Et personne ne leur a rien dit. C’est du deux poids, deux mesures. Ça n’honore pas la République française qui est plus grande que ça. En fait la France fait exactement la même chose que l’Algérie, que j’appelle le régime des 40 voleurs, et qui a modifié sa constituti­on spécialeme­nt pour moi en interdisan­t à toute personne ayant résidé à l’étranger d’être candidate aux élections. » Rachid Nekkaz, qui n’en est pas à sa première provocatio­n, avait brigué la présidence de l’Algérie en 2013 après avoir tenté sa chance à l’Élysée en 2007.

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Cyril Gaillard a acquis à Antibes l’original du Diplôme d’amour Biot. Il va le restituer dans quelques jours à la commune. de
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Rachid Nekkaz, à l’origine de cette opération.

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