Réanimation à L’Archet: maire et CHU réagissent Nice

Après nos révélations parues hier sur les conditions indignes pour les patients et les soignants, Christian Estrosi promet des améliorations et le centre hospitalier dément

Réactions après notre dossier « Réanimation à l’Archet: le service de la honte?» paru hier. Un service à bout de souffle, installé en soussol, dans des locaux destinés aux archives. Les équipes soignantes y racontent des patients entassés dans des chambres exiguës, des fuites d’eau, des souris, des conditions de travail et de soins indignes. « En tant que président du conseil de surveillance du CHU, je suis attaché à la qualité de l’offre de soins proposée aux Niçoises et aux Niçois », est monté au créneau Christian Estrosi, dans un communiqué ne mentionnant pas directement nos révélations.

Estrosi : « Je suis aux côtés des personnels »

« Je suis particulièrement soucieux de la qualité de travail des équipes médicales et soignantes. Je sais que notre ville peut compter sur leur professionnalisme, leur esprit de solidarité et leur engagement sans faille au quotidien, notamment lorsqu’elle traverse des moments tragiques. Ma responsabilité, c’est de veiller à ce que tous les moyens soient mis en oeuvre en ce sens », martèle le maire de Nice. Et d’ajouter: « J’avais rencontré Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé, le 30 janvier. J’avais pu obtenir la sécurisation de l’enveloppe complémentaire qui va permettre dans les prochains mois de terminer les travaux de Pasteur 2. J’avais aussi indiqué alors que cette opération devait absolument s’accompagner d’investissements importants et de travaux de modernisation sur les autres sites du CHU, comme Cimiez

Le service de réanimation de L’Archet .

ou L’Archet (...). Les personnels mènent sur ces sites, au quotidien, un travail exceptionnel au service des patients et au contact des familles. Je salue leur humanité, leur l’investissement et je sais les conditions de travail qui sont les leurs. (...). Je suis à leurs côtés et je mettrai tout en oeuvre pour contribuer à l’amélioration de leurs conditions de travail. » Saluant « le travail de Charles Guepratte, directeur général du CHU, qui oeuvre chaque jour en ce sens dans un contexte financier délicat », Christian Estrosi indique : « Courant juin, j’annoncerai à ses côtés les détails du Schéma directeur immobilier du CHU sur lequel nous travaillons de façon concertée depuis plusieurs semaines. Il comprendra des aménagements, des relocalisations de services et des travaux permettant d’améliorer rapidement et concrètement l’accueil des patients, des familles et de faciliter le travail des équipes sur L’Archet, Cimiez et Pasteur. »

La médiation bien… refusée

Charles Guepratte qui, sollicité, n’avait pas accepté de répondre à nos questions, mais avait choisi de réagir par un communiqué que nous avons reproduit in extenso dans le dossier paru hier, jouait le démenti hier. Toujours via un communiqué : « La direction du CHU n’a pas attendu les sollicitations du service pour proposer un plan d’actions ambitieux articulant une vision de long terme et des réponses immédiates. Elle travaille depuis l’automne 2017 sur une relocalisation de ces activités dans le cadre de son nouveau schéma directeur immobilier. Concrètement, le regroupement des unités de réanimation sur un plateau unique et entièrement neuf à l’Archet 2 commencera à la fin du premier trimestre 2019 pour s’achever en 2021. Cela représente un investissement de 7,75 millions d’euros. Afin d’améliorer sans attendre la qualité de prise en charge dans les locaux actuels, un programme de mise à niveau a été élaboré proposant des travaux dès juillet. Ils visent d’abord l’amélioration des conditions de séjour permettant une meilleure intimité pour les patients et leurs proches. Après concertation avec les équipes, des propositions ont été faites pour améliorer les conditions de travail du personnel. L’accent a aussi été mis sur le renforcement des conditions d’hygiène et d’accueil par la création d’une nouvelle salle d’attente et d’une salle dédiée à la communication avec les familles. C’est un investissement de 300 000 euros. Ce plan d’action a été présenté pour information aux représentants du personnel en CHSCT, qui contrairement à ce que vous écrivez, n’ont pas refusé de voter les travaux mais demandé des éléments complémentaires qui leur seront présentés très prochainement. » Nice-Matin maintient : la CGT affirme avoir refusé de voter ce plan qui lui semble un « cache-misère ». Dans notre dossier, nous indiquions que le Docteur Danin, qui avait porté la situation au grand jour, a été évincé. Là encore, nous maintenons nos écrits et disposons de tous les documents qui le prouvent. La direction du CHU nous accuse de faire « un amalgame fallacieux » et de donner « une tribune à l’association nationale Jean-Louis Mégnien qui porte des accusations graves ne correspondant pas à la réalité de la situation». Selon le directeur général du CHU, « Le nonrenouvellement de CDD est une pratique usuelle pouvant se retrouver dans n’importe quel établissement hospitalier. En l’espèce, cette décision a été mûrement réfléchie et prise de manière collégiale après avis favorable du président de la commission médicale d’établissement et du chef de pôle concerné, dans le respect absolu de la réglementation. » Enfin, Charles Guepratte, affirme que « contrairement à ce qui est écrit [dans notre dossier] , la médiation n’a pas été refusée mais il a été indiqué au médiateur national Édouard Couty, dans un échange du 30 mars, qu’elle paraissait sans objet dès lors qu’il n’était pas prévu de revenir sur ce choix concerté. » Nous ne bougeons pas d’un iota sur ce point encore : il n’y a donc pas eu de médiation, comme nous l’écrivions, du fait de la direction du CHU.

(D. R.)