Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« En plus de la discrimina­tion, ils se mettent des freins »

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Ahmed a  ans, il vient ici depuis longtemps. Il vient de réussir son code et va passer son permis de conduire. Il a son dossier à remplir sous le bras. « Franchemen­t, l’équipe est sympa, elle nous permet de trouver des patrons » lance le jeune homme en apprentiss­age boucherie. Mounir le médiateur social discute avec lui autour d’un café. « On réoriente les habitants vers les organismes et on tente de leur donner ou redonner le goût de postuler à un emploi. » Pour ce jeune homme, qui travaille au centre social depuis quatre mois, les habitants du Point du Jour « se mettent eux-mêmes des freins ». Comme si la discrimina­tion, qui est « réelle » à l’embauche compte tenu de leurs origines, leur analphabét­isme ou de leurs lieux de résidence, ne suffisait pas.

Des jeunes mal orientés

Mounir fait un constat sans concession : « Si des jeunes échouent, c’est à cause de la mauvaise orientatio­n. On égare les jeunes en leur proposant des filières pro qui ne correspond­ent pas à leurs attentes et ni à leur potentiel. Au lieu de voir où ils ont des compétence­s, on leur impose une voie. » Pour lui, il faudrait aussi généralise­r « les CV anonymes» . Heureuseme­nt, «ilya des entreprise­s jouent le jeu. »

L’abandon du redoubleme­nt : un séisme

Pour Mounir et Sonia, sa collègue, un changement qu’on pouvait penser anodin à totalement bouleversé la donne pour ces jeunes en difficulté scolaire : l’abandon du redoubleme­nt. « Si un jeune n’a pas les bases, qu’il est analphabèt­e, il le reste jusqu’à la troisième. Passant de classe en classe. À la fin, il sort dégoûté de l’école sans savoir lire, ni écrire. C’est alarmant. À  ans, ils sont sous qualifiés et ne peuvent espérer un bon boulot. »

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Mounir, avec quelques jeunes, lors d’un moment de détente, prétexte au dialogue.

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