Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
UBER, RELAIS DE LIGNES D’AZUR EN SOIRÉE
Après 20 heures, le transporteur palliera l’absence de bus à destination ou au départ de six stations de la ligne 1 du tram. Un service réservé aux abonnés pour un forfait de 6 euros
Une expérimentation permet aux abonnés du réseau de bus de recourir aux services d’Uber, de 20 heures à 2 h 30, entre une partie de la ligne 1 du tram et les zones desservies par certaines lignes de bus, pour 6 €.
S’agit-il d’un assaut d’« ubérisation » ? Pour le moment seulement d’une expérimentation temporaire d’un service nocturne de 20 heures à 2 h 30, réservé aux abonnés à l’année de Lignes d’azur et sur un nombre limité de trajets. L’offre issue de ce partenariat conclu entre la régie de transports en commun et Uber est accessible depuis hier soir pour un tarif forfaitaire de 6 euros. Le cadre du dispositif a été présenté, hier après-midi, lors d’une conférence de presse à la maison des associations, par Philippe Pradal, président de la régie Ligne d’azur et Alexandre Droulers, responsable des projets de nouvelles mobilités pour Uber. Dans l’esprit, il s’agit de laisser aux chauffeurs de la firme américaine le soin de prendre le relais des bus qui ne circulent plus à partir de 20 heures et pour un transport limité de passagers. Philippe Pradal a souligné «le caractère innovant» de cette expérimentation ainsi que la nécessité de confier ce service à un autre mode de mobilité. « Les bus ne sont pas adaptés en terme de dimensionnement et de coût d’exploitation », a souligné le président de Ligne d’azur.
Les données de la phase d’essai
Philippe Pradal a estimé nécessaire de redéfinir la mission de la régie : « Ligne d’azur a la vocation d’être un intégrateur, de proposer un panier de services, de solutions et le réseau sera animé par divers opérateurs à terme. » Ce partenariat et cette porte ouverte sur un réseau urbain de transport ravissent Alexandre Droulers qui a évoqué ce mélange « d’avant-gardisme », « d’expérience multimodale ». Le responsable d’Uber a dit son impatience « à revenir après les premiers résultats». À propos du choix d’établir un partenariat avec l’opérateur Uber et non les taxis ou d’autres entreprises de VTC, Philippe Pradal prétend avoir «recherché un partenaire capable d’opérer ce service, de recueillir des données précises et de les échanger. C’est ce qui nous permettra d’analyser, pendant cette phase d’essai, le comportement des utilisateurs. Le combien et où ? La profession des taxis doit encore s’organiser sur ce sujet. Ensuite pour un passage en phase industrielle, les opérateurs seront mis en concurrence. » Le premier adjoint au maire de Nice a encore ajouté : « Nous serons vigilants sur le cadre social, il n’y aura ni dumping, ni exploitation à bas coût pour fournir ce niveau de service supplémentaire. »
60 000 euros de compensation
D’ailleurs afin de permettre l’expérimentation, la régie Ligne d’azur et Uber ont mis la main à la poche, consacrant chacun une enveloppe globale de 30 000 euros. Cette somme servira à compenser pour les chauffeurs Uber, la différence entre le coût réel de la course et le forfait encaissé. L’annonce de cette expérimentation n’a toutefois pas ravi les taxis niçois. Leur président, Christophe Charpentier, a réservé pour le moment l’opinion de la profession, se contentant d’indiquer, hier après-midi: « Nous attendons le rendez-vous avec Christian Estrosi qui a souhaité nous recevoir (ce) matin ». D’ailleurs, le service de presse du maire a fait savoir que «Rien ne sera validé sur le long terme sans qu’une concertation avec les taxis qui constituent une activité économique importante soit menée. » « Attention au recul du service public, a mis en garde l’opposant socialiste Patrick Allemand dans un communiqué. Cette nouvelle offre, qui donne plus de souplesse ne peut, dans un premier temps, que réjouir, mais c’est aussi la fin de toute perspective de croissance du service public des transports. »