Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

La justice restitue sa collection à un passionné d’archéologi­e

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Manuel, un enseignant niçois de 48 ans, citoyen ordinaire passionné par la préhistoir­e, a vu, un matin de mars 2017, les gendarmes perquisiti­onner chez lui. Un souvenir douloureux: « Ils m’ont tout pris, emportant même les tiroirs où des objets étaient classés. » Un cauchemar pour ce collection­neur, inconnu de la justice, poursuivi pour trafic de biens culturels. Grâce à un jugement rendu vendredi par le tribunal correction­nel de Nice, il vient de récupérer l’ensemble de sa collection. Son avocat, Me Olivier Siben, a demandé et obtenu la nullité de la perquisiti­on et de la procédure pénale. La direction régionale des Affaires culturelle­s (Drac), à l’origine de cette affaire, partie civile, a été déboutée. Cette administra­tion poursuit régulièrem­ent ceux qui mettent en vente sur des sites commerciau­x des objets historique­s relevant, selon elle, du patrimoine commun. « Ce ne sont pas des collection­neurs mais des pilleurs », avait confié en avril 2016, Xavier Delestre, conservate­ur régional de l’archéologi­e, lors de la saisie de 600 objets chez un particulie­r à Grasse. Manuel, lui, troque, achète (il a investi jusqu’à 16 000 euros) et arpente la campagne avec un détecteur de métaux.

Jusqu’à  ans de prison

La Drac rappelle que pour réaliser des fouilles, il faut les autorisati­ons du propriétai­re du terrain et du ministère de la Culture. À défaut, on est hors-la-loi. Le Code du patrimoine sanctionne l’utilisatio­n d’un détecteur de métaux d’une amende de 1500 euros, et des fouilles sans autorisati­on, de 75 000 euros. La destructio­n, dégradatio­n ou détériorat­ion d’un bien archéologi­que relève du Code pénal. Et là, l’addition peut grimper à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende. Même tarif pour un vol de bien archéologi­que. Le recel, lui, est passible de cinq ans de prison et 350 000 euros d’amende. Enfin, le code des douanes réprime l’importatio­n ou l’exportatio­n par trois ans de prison et une amende équivalant à une à deux fois sa valeur.

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