Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Avec des si, on coupe du bois »

- V.M. À ISTRA VINCENT EN RUSSIE

Didier Deschamps est un fin stratège. Il calcule tout, jusqu’à décider de quel joueur vient en conférence de presse pour faire face à la soixantain­e de journalist­es qui accompagne­nt l’équipe de France au quotidien. A deux jours de France – Uruguay, « DD » a envoyé, hier matin, Adil Rami au charbon, avec pour objectif d’offrir un peu de bon temps à la caravane bleue.

Mission réussie : le défenseur de l’Olympique de Marseille, seul joueur à n’avoir disputé aucune minute durant ce Mondial, a fait marrer l’auditoire pendant plus d’une demi-heure avec des punchlines dont il a le secret ! Le natif de Fréjus a commencé son show en jouant les professeur­s : « Page 8, exercice 4, ouvrez vos cahiers ! » Premier éclat de rire dans la salle, alors que les suiveurs ont encore les yeux collés et le nez dans le café... Frais et remonté comme un coucou, Rami a le regard qui pétille. Il est prêt à dégainer blague sur blague. Il se lisse la moustache pour attirer les flashs. « Oh les gars, ça dégaine quand je me touche la moustache. Elle tue cette moustache ! »

« Arrêtez de nous faire croire que Cavani va jouer »

Il prend l’accent belge pour répondre à une question d’un confrère… belge, avant de se reprendre et lui faire un clin d’oeil. Clashe, gentiment, un confrère qui pensait avoir mieux face à lui. « Tu n’es pas content de me voir ? Je suis ton clown, c’est ça ? » On parle aussi football, un peu, et d’Edinson Cavani. « Il faut arrêter de nous faire croire qu’il va jouer. En tout cas, s’il est sur le terrain, il aura démonté la science. » « Bon après, avec des si, on coupe du bois », répète-t-il, à plusieurs reprises, pas peu fier de sa formule... Sur Benjamin Pavard, qu’il surnomme Jeff Tuche, il met les choses au clair. « Moi, j’ai le droit de l’appeler. Vous, non ! Vous n’êtes pas son pote, c’est tout » Et son but fantastiqu­e contre l’Argentine, alors ? «Un sacré Tuche de balle quand même. En une Tuche, il a tuché tout le monde. » Entre deux vannes, il confie son « bonheur d’être là ». « On est 66 millions, je fais partie des 23. Je profite, c’est une chance. » Il n’a pas tort. Joue à merveille son rôle d’ambianceur, ce qui est tout à son honneur dans un milieu où la norme n’est pas de penser à l’autre. « Mon rôle, c’est d’apporter des ondes positives, non pas de montrer ma frustratio­n, même si bien sûr j’aimerais jouer. »

« Nice-Matin ? C’est la Côte d’Azur, ça ! »

On lui pose alors une question au sujet de Kylian Mbappé. « Nice-Matin ? C’est la Côte d’Azur, ça ! Vous m’avez fait une belle couverture l’autre fois. » C’est cadeau ! Et ‘‘Kiki’’, sinon ? « Son accélérati­on contre l’Argentine, c’est juste incroyable. Il m’en a mis une l’autre fois à l’entraîneme­nt, les autres m’ont dit que j’avais la charrette. Mais il va juste trop vite. Sur le coup, il nous a fait du FIFA, L1, double joystick. Tu ne peux plus le rattraper, c’est fini. »

« Qu’est-ce que je kiffe ce groupe ! »

A 32 ans, Rami, qui sort d’une grosse saison avec l’OM, sait qu’il doit sa présence au forfait de Laurent Koscielny. C’est aussi pour ça qu’il profite de chaque instant. « Qu’est-ce que je kiffe ce groupe ! » Plus de trente minutes se sont écoulées, mais Adil en redemande. « Allez, une dernière question parce que celle-là, elle n’était pas terrible... » a-t-il dit à Philippe Tournon, l’emblématiq­ue attaché de presse qui pensait avoir sonné la fin de la récréation. «En plus, vous avez Blaise (Matuidi) après moi, ça va être beaucoup moins drôle. » Il a d’ailleurs fallu qu’il refasse irruption dans la salle de presse pour qu’on se réveille de notre sieste. «Il pose toujours la même question celui-là », a-t-il crié depuis le balcon, où il s’était caché, à l’attention d’un confrère... Au final, on n’a pas beaucoup parlé de foot, mais ça n’a fait de mal à personne. ‘‘La Desch’’ a encore réussi son coup. Du côté d’Istra, il est devenu très périlleux de tenter de « craquer » un huis-clos, afin de connaître l’équipe qu’alignera Didier Deschamps. Deux de nos confrères en ont fait la désagréabl­e expérience, alors qu’ils pensaient avoir débusqué la planque parfaite pour observer les mises en place effectuées par le sélectionn­eur qui ne goûte que très peu à la méthode. Fou de rage après que ses compositio­ns aient été dévoilées deux jours avant les matchs contre l’Australie et le Pérou, DD a rassemblé ses hommes et lancé la traque aux médias dans cette zone désaffecté­e, en étroite collaborat­ion avec les autorités russes, pas vraiment réputées pour leur goût du dialogue. Mardi, Gleboskiy est en état de siège. Le G20 ? Non, les « méchants » reporters français sont dans le coin. Policiers, Lyonnais a des atouts à faire valoir. Le onze probable : Lloris - Pavard, Varane, Umiti, Hernandez - Mbappé, Kanté, Pogba, Tolisso (Lemar ou Fekir) - Griezmann, Giroud.

Côté uruguayen, Cavani est très incertain. Hier, il est resté aux soins pour soigner son mollet. Lors de la séance, c’est de nouveau Cristhian Stuani ( ans, Gérone) qui était aligné au côté de Luis Suarez dans l’équipe des titulaires attendus. vigiles et même membres du FSB, successeur du KGB, rodent en quête de la proie. Un travail méticuleux qui va finir payer, puisque deux des suiveurs de l’équipe de France sont repérés sur un balcon, jumelles sur le nez. Nos collègues se baissent, mais c’est trop tard. Alors qu’ils partagent le thé chez l’habitant, ils entendent taper à la porte. C’est la police ! La femme qui les accueille frôle le malaise. Débute une longue négociatio­n avec des agents peu enclins à faire des concession­s, qui leur réclament une caméra longue portée qu’ils n’ont pas et leurs jumelles... Ils craignent pour leur accréditat­ion, doivent décliner leur identité, prennent quelques coups de pression. On leur ordonne de quitter les lieux, ce qu’ils font sans broncher, et rentrent finalement, à l’hôtel libres. Encore heureux...

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