Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les lauréats de la Jeune création s’exposent jusqu’au septembre
Mouna Bakouli, Johan Christ-Bertrand. Si ces deux noms ne vous sont pas familiers, peut-être que les résultats du prix artistique de la Jeune création dévoilés mardi 3 juillet aideront à les faire connaître. Diplômés de la Villa Arson, ils sont les deux vainqueurs du concours, créé il y a 9 ans par Christian Estrosi, qui se décline en deux parties : celle de la Ville de Nice, pour Mouna, et celle de la Venet foundation (Bernar Venet est le cofondateur du grand prix) pour Johan. Le principe de la Jeune création est de mettre en lumière le « travail de jeunes artistes » en quête de reconnaissance mais surtout de les encourager à « développer des projets professionnels ».
Objets improbables et toiles hyperréalistes
Et par le biais de cette mise en valeur (à laquelle on rajoute un chèque de 2000 euros et un logement plus un atelier pour le premier lauréat), décidée par un jury composé aussi bien d’une architecte, d’un directeur de musée que d’un ancien ministre de la Culture, c’est une occasion unique pour le public de s’immerger dans le travail et le monde singulier de ces deux artistes montants. En parcourant leur exposition, La Vallée de l’étrange, les visiteurs peuvent se questionner sur l’objet, la nécessité d’un support et la genèse des oeuvres présentées. Dans la lignée dénonciatrice et polémique de Brancusi ou Duchamp (qui faisait scandale au XXe siècle en fabriquant des sculptures avec des vélos ou des urinoirs), non sans respecter une certaine « cohérence » dictée par le maître du classicisme Boileau, les créations fusionnent à merveille entre elles. Objets improbables (coussins, télévision, poire de douche) pour Mouna. Toiles hyperréalistes ou parsemées de personnages fantastiques rappelant Dali, voire inspirées de la peinture italienne du Caravage, pour Johan. Les compositions des lauréats interpellent. Elles bousculent notre confort, notre perception de l’art, souvent empêtrée dans des clichés désuets, comme celui des « beauxarts » qui refuserait que deux jeunes artistes puissent sortir des sentiers battus. Ce voyage curieux et hétéroclite est à découvrir jusqu’au 30 septembre à la galerie de la Marine (59, quai des EtatsUnis) et jusqu’au 16 septembre à la Villa Arson.