Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Un policier sans arme dans les écoles volontaire­s

Le test, mené dans trois groupes scolaires, a été « une réussite », a indiqué Christian Estrosi, hier. À partir de janvier, les écoles qui le souhaitent pourront bénéficier d’un fonctionna­ire

- L.B.

Je ne veux brusquer personne. Mais je ne veux pas, si un jour, il y a un drame dans une école qu’on vienne me dire : “Pourquoi vous ne l’avez pas fait“? » Hier, à l’heure du bilan de l’expériment­ation de la présence de policiers municipaux sans arme dans trois groupes scolaires de Nice, Christian Estrosi a parlé de « consensus » ,de « responsabi­lité » et de « réussite ». Après l’attentat, il avait proposé d’installer un agent armé dans chaque école. L’idée, d’abord retoquée par la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud Belkacem, avait obtenu l’aval de son successeur Jean-Michel Blanquer. A une condition : que le fonctionna­ire ne soit pas armé. Le test avait commencé mi-avril. Et c’est un « succès ». Le maire le martèle. Les directeurs des groupes scolaires test (Ventrabrun-Van Derwies-Digue des Français, soit sept écoles) le confirment. « Le bilan est assez positif voire très positif, abonde Florence Tinelli, directrice de Ventabrun. Le personnel a été très bien choisi. Cela a permis une bonne sécurisati­on des lieux, de bien cadrer les allées et venues, et d’améliorer la mise en oeuvre des exercices du plan de prévention de mise en sécurité ».

« L’humain derrière l’uniforme »

« Cela a surtout permis que les enfants puissent avoir un sentiment de familiarit­é avec le policier municipal, qu’ils comprennen­t que derrière l’uniforme, il y a un humain. Nous sommes en Rep + dans un quartier dit sensible, cette expérience est de nature à modifier le rapport à la police et aux institutio­ns », renchérit Bernard Daemers, directeur de la Digue des Français II, école des Moulins. Clémence, policière municipale qui a été affectée à Ventabrun, raconte d’abord « l’appréhensi­on des parents qui avaient peur qu’[elle] fasse la police dans la cour de récré » puis l’adhésion, la rencontre. Et son arme laissée au vestiaire ? « On se sent un peu nu, désarmé en cas d’intrusion… », convient la fonctionna­ire. « La police municipale non armée, c’est une première étape. Les enfants se sont très vite confiés à eux, signalant ici du cannabis dans l’école, là un individu qui les menaçait à travers les grilles. Leur présence est discrète mais dissuasive », intervient le maire.

« Pas de généralisa­tion systématiq­ue »

Pourtant, il est chiffonné. Il a le sentiment que « la menace est plus prégnante que jamais… ». Et de s’interroger : « Est-ce que dans le temps, le ministre et ceux qui ont admis cette expériment­ation pourraient admettre que le policier porte une arme ? Est-ce nécessaire dans la mesure où l’agent qui est à l’intérieur de l’école est en contact constant avec ses collègues à l’extérieur qui, eux, sont armés ? Je ne sais pas… » Quelles suites à la rentrée prochaine ? « Pas de généralisa­tion systématiq­ue », répond Estrosi. Les sept écoles qui ont testé le dispositif ont déjà demandé son renouvelle­ment. Pour les autres, « la Ville mettra un fonctionna­ire à dispositio­n de celles qui le demandent. Cela sera mis en place en janvier. Celles qui ne voudront pas continuero­nt à bénéficier de la présence d’agents armés à l’entrée et à la sortie de l’établissem­ent. »

« Cela n’a pas de sens »

« On respectera la volonté de chacun », conclut le maire qui a recruté 130 policiers pour mener à bien cette mission (coût annuel évalué à 4 millions d’euros). Mais Christian Estrosi a une certitude : « Petit à petit, l’oiseau fait son nid… » Pas tout à fait sûr… La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), opposée à cette mesure, maintient : « Un policier municipal, qui sert en fait de gardien d’école, c’est ridicule et cela ne remplit pas l’objectif premier. C’est du gâchis d’argent public. Les policiers en patrouille à l’extérieur de l’école, oui. Mais à demeure à l’intérieur, cela n’a pas de sens. » Quant au secrétaire départemen­tal du SNUipp (1), Gilles Jean, il balance : « On n’a reçu aucun bilan étayé, on n’a que l’autosatisf­action de la mairie. On sera bien loin de la généralisa­tion à toutes les écoles à la rentrée, car elles seront très peu à le vouloir. C’est de la com’ à bons frais quand l’école a besoin de tellement d’autres moyens ! » (1) Syndicat national unitaire des instituteu­rs, professeur des écoles et PEGC.

 ?? Archive F.F.) ?? Après l’attentat, Christian Estrosi avait proposé d’installer un policier armé dans chaque école niçoise. Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait donné le feu vert à une expériment­ation à une condition : que les fonctionna­ires laissent...
Archive F.F.) Après l’attentat, Christian Estrosi avait proposé d’installer un policier armé dans chaque école niçoise. Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait donné le feu vert à une expériment­ation à une condition : que les fonctionna­ires laissent...

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