Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Une associatio­n lui enlève ses animaux, elle réplique Cagnes

L’associatio­n Justice pour les animaux est intervenue au domicile d’un couple vivant à .Un chiot et une chatte vivent désormais en famille d’accueil. Les deux Cagnois sont passés à l’offensive

- SAHRA LAURENT slaurent@nicematin.fr

Elle ouvre la porte de son appartemen­t. Mine abattue et regard triste. Justine (1) a 19 ans. Elle vit avec son compagnon dans ce logement non loin de la gare depuis trois mois. Elle vivait aussi avec Aiko, un chiot et Ninia, une chatte âgée aujourd’hui de 8 mois. Elle n’a plus ses deux animaux chez elle, depuis que l’Associatio­n justice pour les animaux (AJPA) est intervenue à la suite de plaintes du voisinage.

À l’origine La version de la Cagnoise :

Justine explique que « tout part d’un conflit de voisinage. Notre voisine, parce qu’on est jeunes, nous a pris en grippe. C’était pour de la musique écoutée en journée ou à cause de notre barbecue électrique etc. Nous n’avons jamais été avertis de quoi que ce soit par rapport à nos animaux. » Selon son avocat, Me Gregory Sambucchi, « au départ, cela débute par des prétendus mauvais traitement­s, avec notamment, des vidéos à l’appui – à ce jour, ni mes clients, ni moi-même n’avons pu accéder à ces images – , puis, au final, tout cela est revu à la baisse en évoquant des déjections canines et une terrasse pas très bien entretenue».

La version de l’associatio­n :

Pour Chantal Fontanesi, présidente bénévole de l’AJPA, « notre enquête a démarré à la suite de témoignage­s de voisins. Nous avons reçu un appel nous signalant des actes de cruauté. Nous avons également des témoignage­s des copropriét­aires du Syndic indiquant des traitement­s de violence. Des pleurs. Des hurlements ».

Les raisons invoquées La version de l’associatio­n :

«Une de leurs voisines n’en pouvait plus. Régulièrem­ent, elle explique avoir été témoin de violences : coup de pied envers le chat, des coups également envers son chiot à grands coups de chausson. De plus, souvent, le chat restait sur le balcon, sans eau, ni croquettes avec des excréments et de l’urine au sol », développe Chantal Fontanesi. Et de préciser : « un vétérinair­e a pu constater les maltraitan­ces. Pour la chatte, il en ressort qu’elle était très maigre, qu’elle présente des troubles du comporteme­nt, qu’elle est terrorisée par les humains. En plus, le vétérinair­e a pu constater une hémorragie de la sclère. Il est évident que cette chatte était maltraitée ». Quant au jack russel, « il semblerait qu’il soit effrayé par les voix. Et nous avons constaté qu’il y avait un problème sur la patte droite, le chiot boîte ».

La version de la Cagnoise : «J’aime mes animaux» martèle la jeune Cagnoise. « Je suis aide à domicile, et souvent, je prends Aiko avec moi ». Sa maman appuie : «ma fille a toujours grandi avec des animaux.» Au sujet de l’état de la terrasse ? « Nous travaillon­s beaucoup et nous nettoyons en rentrant de nos journées. Au sol, nous avons des taches de rouille ». Du côté de Me Sambucchi : « les proches de mes clients attestent de la bonne attention portée à leurs animaux. C’est vrai, les animaux miaulent ou aboient parfois, mais il s’agit de très jeunes bêtes. Ils se disputent de temps en temps. »

L’interventi­on de l’associatio­n

Le 17 juin, l’associatio­n AJPA intervient au domicile du jeune couple.

La version de la Cagnoise :

«Ce jour-là, pour la fête des pères, j’étais au travail et j’avais pris Aiko avec moi, quand une voisine m’a appelé pour me dire: “une associatio­n est venue pour tes animaux ”. Pendant ma pause déjeuner, je suis allée chez moi et des membres de l’associatio­n étaient devant ma porte. Là, on m’explique qu’il y a des vidéos où on voit mon concubin frapper notre chat, qu’ils viennent pour s’arranger à l’amiable. Ils ont vu nos animaux et ils n’ont constaté aucune maltraitan­ce. Et là, on m’a dit: “si on ne prend pas les animaux, vous risquez une amende de 35000 euros, une peine de prison avec sursis ”. Le tout, sans aucun document à me présenter. Comme moi, je n’y connais rien, j’ai laissé mes bébés, le temps de faire le point sur cette histoire. Ils ne m’ont pas laissé le temps.» Son avocat est clair : «Je ne comprends pas sur quelle législatio­n, sur quel acte de poursuite, on peut se rendre chez quelqu’un pour saisir des animaux. Normalemen­t, cela se déroule en présence des forces de l’ordre etc, avec des documents à l’appui. Deux personnes d’une associatio­n qui explique à ma cliente de 19 ans, complèteme­nt ébahie, qu’elle peut relever du pénal. Alors, oui, sur place, elle dit : “prenez mes animaux et on verra après ”».

La version de l’associatio­n :

Du côté de l’AJPA : le terme de « saisie » est complèteme­nt réfuté. «Ce n’est pas une saisie. Il s’agit d’actes de cessions signés avec remise de carnet. Nous connaisson­s les lois et nous savons parfaiteme­nt faire la différence entre une réquisitio­n et une cession. Là, nous agissons en vertu de l’article 521-1 du code pénal (2). Notre dossier est béton. Sur une des vidéos, nous pouvons constater que le concubin de Justine écrase la tête du chat avec une chaise. De plus, nous avons une procédure à respecter et aux premiers abords, je parle du “discours d’ouverture de coeur ”. Nous expliquons aux gens que si vous ne pouvez pas vous occuper des animaux, nous sommes là. »

La méthode La version de la Cagnoise :

Du côté de Justine tout comme pour son avocat, la méthode d’interventi­on est remise en cause. «Comment une associatio­n peut s’introduire comme ça dans une résidence?» interroge Justine. Les actes de la voisine aussi sont pointés du doigt: «Comment une personne peut filmer comme ça, chez quelqu’un ? » Et l’avocat note que cette voisine avait « pris pour habitude de scruter leurs moindres agissement­s, sans qu’il ne soit verbalisé de réels griefs».

La version de l’associatio­n :

Le ton est ferme chez Chantal Fontanesi : «Aux termes délation et/ou dénonciati­on, je réponds: sauver des vies. Heureuseme­nt que nous avons des personnes comme cela pour sauver des animaux ».

Les poursuites

Des plaintes des deux côtés ont été déposées. «Je suis intervenu en adressant un courrier au parquet et en faisant suivre à l’associatio­n. À ce jour, je n’ai eu aucune réponse », précise l’avocat de Justine et son compagnon.

Où sont les animaux?

La chatte Ninia et le chiot Aiko, ont été placés dans des familles d’accueil sélectionn­ées par l’associatio­n.

1. Son prénom a été modifié à sa demande.

2. Il stipule, notamment : « Le fait, publiqueme­nt ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonne­ment et de 30 000 euros d’amende. »

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(Photo Eric Ottino) Il y a quelques semaines, Aiko, le chiot de Justine a été placé. Sa chatte Ninia est également en famille d’accueil.

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