Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Terrain en friche: et si vous le confiez à un agriculteu­r? Saint-Jeannet

Pour remettre les terres en culture, une première dans la Métropole: des experts ont exposé à 58 propriétai­res les outils dont ils disposent pour faire cultiver leurs terres  

- VALÉRIE ALLASIA vallasia@nicematin.fr

D’un côté, des propriétés à l’abandon, mangées par les broussaill­es. Et le risque d’incendie qui va avec. De l’autre, de jeunes agriculteu­rs qui ne trouvent pas de terrain où s’installer. En parallèle, une demande à la hausse de produits locaux, avec l’obligation faite aux collectivi­tés de les intégrer, en bio, aux menus des cantines. Et les pays émergents qui prennent le contrôle sur une production agricole au lourd poids carbone. Tout en menaçant notre autosuffis­ance alimentair­e. Le bilan est sévère. Alors, pour reconquéri­r les terres agricoles, quelles solutions ? À Saint-Jeannet, 58 propriétai­res totalisant 74 parcelles jugées intéressan­tes à remettre en culture ont été invités en mairie. Pour découvrir, avec les intervenan­ts de la Métropole, la Chambre d’agricultur­e et la SAFER, les outils accessible­s. Un nombre impression­nant de modes de mise à dispositio­n des terres dont chacun peut bénéficier. Dans les autres communes de Nice Côte d’Azur le même accompagne­ment sera proposé. Le tour du propriétai­re en six questions.

 % de la consommati­on des Alpes-Maritimes est locale

«Dans le 06, on produit 1 % de ce que l’on consomme. Et après-demain il n’est pas certain qu’on puisse encore faire venir d’Espagne les tomates qu’on peut produire ici». JeanMichel Sempéré, le maire, qui veut que sa commune soit « facilitatr­ice », a donné le ton d’emblée par ce constat. Il y a urgence.

Les SIA, c’est quoi ?

Dans les 15 communes de la plaine du Var, la Métropole a identifié dix SIA, comme Surfaces d’Intérêt Agricole. Dans ces dix secteurs dont fait partie Saint-Jeannet, les friches agricoles ont été recensées et évaluées : bâti ou pas, accès, adduction d’eau, végétation, potentiel de remise en culture…

Sur  parcelles,  retenues

Sur les 255 parcelles repérées au village en zones agricole et naturelle, 85 ont été jugées à enjeu viable. Et 74 retenues au final, propriété de 58 personnes. Les intéressés ont été invités à découvrir les moyens de les confier à des agriculteu­rs pour les remettre en culture. Au-delà de la vente pour laquelle la SAFER aide les vendeurs à l’estimation, et du prêt gratuit.

« Pas de nationalis­ation des terres »

Denis Rasse, 2e adjoint, a dissipé les inquiétude­s : «ce n’est pas une nationalis­ation de vos terres. Il n’y a pas d’obligation. Les espaces recensés ne sont pas constructi­bles dans tous les cas. »

« Je ne veux pas louer, je ne pourrai pas vendre »

C’est le leitmotiv qui gèle les terrains. Une quinzaine de possibilit­és de mise à dispositio­n existent pourtant. Par exemple la convention d’occupation précaire qui déroge pour six ans maximum renouvelab­les une fois au statut de fermage. Dans ce cas la SAFER encaisse 20 % du loyer. Plusieurs types de baux à court (un an), moyen ou long terme, voire précaire existent, au-delà du « bail rural de 9 ans » tant décrié. Avec le « bail de petites parcelles », adapté au territoire du village. C’est un compromis entre fermage et contrat plus souple. Si le rapport annuel est modeste dans tous les cas, il peut représente­r une intéressan­te opportunit­é. D’abord parce qu’il supprime les débroussai­llements pour lesquels les propriétai­res reçoivent des mises en demeure au nom de la sécurité.

Droits de mutation : de   à€

Les baux à long terme (18 ou 25 ans), qui rapportent plus que les précaires ou à court terme, présentent un autre avantage quand il s’agit de transmissi­on patrimonia­le: jusqu’à 75 % de réduction sur des droits de succession, voire l’exonératio­n de l’ISF car le bien loué devient « bien à usage profession­nel ». Exemple pour la transmissi­on d’un bien sous bail à long terme à une fille unique, les droits de mutation passent de 33 000 à 1 170 euros… Un argument qui devrait convaincre d’aider de jeunes agriculteu­rs - le statut prévoit qu’on peut l’être jusqu’à 40 ans ! - à s’installer.

 ?? (Photo V.A.) ?? Salle Saint-Jean-Baptiste, les  propriétai­res des  parcelles retenues ont découvert les outils de mise à dispositio­n de leurs terrains.
(Photo V.A.) Salle Saint-Jean-Baptiste, les  propriétai­res des  parcelles retenues ont découvert les outils de mise à dispositio­n de leurs terrains.

Newspapers in French

Newspapers from France