Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Beuil sérieusement épinglé par la Chambre régionale des comptes
La chambre régionale des comptes de ProvenceAlpes-Côte d’Azur a été saisie par le préfet des AlpesMaritimes du compte administratif 2017 de la commune de Beuil. Un compte exécuté en déficit. Une saisine déclarée… « recevable ». Après avoir corrigé et consolidé les documents budgétaires, la chambre régionale des comptes a évalué le déficit 2017 de cette commune du Mercantour de 513 âmes à… 32,95 % de ses recettes de fonctionnement ! Ballot : c’est le double du déficit apparent pour lequel le préfet Georges-François Leclerc avait saisi la chambre régionale.
« Des éléments d’insincérité »
Le budget 2018 présente, par ailleurs, toujours selon la CRC, «d’importants éléments d’insincérité». Avec, notamment des « surévaluations de dépenses ou des recettes. » Un exemple : sur les recettes inscrites au compte « concession de cimetières ». Pour la chambre, elles s’établissent à environ 12 500 euros. Pour la commune à… 150 000 euros. Quant aux budgets primitifs 2018, votés en équilibre apparent, ils «sont en réalité en déséquilibre réel de 251 276 euros pour la section de fonctionnement du budget principal et de 248 780 euros pour la section d’investissement et encore de 17 122 euros pour la section d’exploitation du budget annexe ». Les budgets primitifs ne permettent donc pas, déplore la CRC, « de résorber le déficit du compte administratif 2017. » Pour remédier à cet état de fait, la chambre préconise «des mesures dès 2019 visant à permettre un retour à l’équilibre et à une amélioration de la sincérité des inscriptions budgétaires ». Le conseil municipal devrait rendre publique cette information lors de sa prochaine séance.
« Il y a une réalité derrière »
Stéphane Simonini, le maire de Beuil ne nie pas un déficit 2017 aux alentours de 15 %. Mais 33 %, non! «La CRC n’a pas intégré des restes à réaliser par manque de documents. Par exemple, lorsque le conseil départemental nous alloue une subvention, on a une lettre du président mais pas de délibération.» Et si les 15 % de déficit sont « ennuyeux » ,il l’avoue, Stéphane Simonini a une explication : «Ilya une réalité derrière, un parti pris : nous avons investi pendant cinq ans sans avoir recours à l’emprunt et sans augmenter les impôts. » Quant à la surévaluation de recettes, il s’explique également : « Pour le cimetière, nous avons fait une estimation car sa capacité a été agrandie après des travaux en 2017. » Enfin, le maire de Beuil assure: « Nous avons déjà commencé à tenter de remédier aux problèmes. En baissant les charges de fonctionnement ou encore en limitant les dépenses des festivités sur la commune. » Et de conclure : « Faire un budget le 15 avril quand on connaît les dotations de l’État le 5 avril, ce n’est jamais évident. »