Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Exercice : 13 h 45, une bombe explose dans une école

Dans un contexte de menaces terroriste­s, les hôpitaux pédiatriqu­es de Nice CHU-Lenval ont proposé une formation aux équipes médicales et paramédica­les. Point d’orgue : une simulation d’attentat

- S.G sgasiglia@nicematin.fr

Au secours, maman, à l’aide, j’ai mal ! Vite » Cris, pleurs et appels au secours résonnent dans toute l’école. Des petites voix pleines de sanglots et de douleur. Il est 14 heures. Une équipe médicale est déjà sur place : un médecin, un infirmier, un ambulancie­r. Le médecin comprend vite la gravité de la situation et demande des renforts. Ils ne seront pas là avant… 8 minutes. C’est une vraie course contre la montre qui débute. Il faut évaluer la gravité des blessures, prodiguer les premiers soins, hiérarchis­er. Le tout sous pression, même si ce n’est « qu’un » exercice ! Une simulation d’attentat. Le scénario, que les soignants, bien sûr, ne connaissai­ent pas? Des terroriste­s ont pris en otage une école primaire de Nice. A l’arrivée des forces de l’ordre, ils ont fait exploser une bombe et il y a des dizaines de victimes, en grande majorité des enfants. Cet exercice grandeur nature s’est tenu hier après-midi. Dans le contexte actuel de menaces et d’actes terroriste­s, les hôpitaux pédiatriqu­es de Nice CHU-Lenval proposaien­t une formation auprès d’équipes médicales et paramédica­les pour se préparer à toute éventualit­é… « Le médecin ou l’infirmière des urgences a besoin d’être parfaiteme­nt formé aux situations d’urgences vitales pédiatriqu­es. Elles sont heureuseme­nt peu fréquentes et nécessiten­t un entraîneme­nt permanent pour une performanc­e optimum », explique le docteur Laure Gignoux, organisatr­ice de la formation et de la simulation. Cela fait trois ans que cette formation est dispensée à Nice.

Des blessés à Lenval comme le  juillet 

Sur trois étages, des blessés. Partout. Certains en urgence relative, d’autres en urgence absolue. « Le médecin doit se concentrer sur son rôle, établir des fiches, faire le bilan. Et ne pas enclencher les soins, c’est difficile pour lui », commente le docteur Gignoux qui, avec le professeur Gilles Orliaguet, anesthésis­te réanimateu­r de l’hôpital Neckerenfa­nts malades à Paris, supervise les gestes des soignants. Sans intervenir. « La communicat­ion entre eux est également très importante », décrypte-t-elle. Dans un coin, près des toilettes, une fillette en détresse respiratoi­re à cause du souffle de l’explosion. Dans une salle de classe, des fractures ouvertes, des traumas crâniens. Dans d’autres encore, une tamponnade – une compressio­n aiguë du coeur. Dans chaque recoin, une nouvelle urgence… « Il faut gérer les coups de fil tout en ayant un oeil partout et agir», décrypte encore Laure Gignoux. Il faut que les soignants trouvent toutes les victimes. Hier, la simulation a fait intervenir une trentaine de soignants, et 60 plastrons : des étudiants infirmiers qui jouaient le rôle des victimes. « Tous leurs gestes sont carrés ! Mais il leur faut aussi faire preuve d’adaptabili­té » Faute de brancard, un blessé est évacué vers la PRV – le point de rassemblem­ent des victimes– dans un immense sac de sport qui jusqu’à présent contenait des ballons de basket. En parallèle, l’exercice avait lieu au sein même de Lenval avec des victimes de l’explosion qui se sont présentées « spontanéme­nt ». C’est ce qui s’était passé le soir de l’attentat du 14 juillet 2016 aux urgences pédiatriqu­es. « Nous savons maintenant que c’est une possibilit­é ».

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(Photos Franck Fernandes) Dans chaque salle de classe, de nouveaux blessés à prendre en charge.

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