Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Visite des experts de l’Unesco: motifs d’espoir pour la Côte
Des équipes spécialisées inspectent, depuis hier, les huit sites naturels qui composent la candidature « Alpes de la Méditerranée », entre A.-M., Monaco et Italie. Verdict en juillet 2019
Cette fois-ci, c’est du concret. Après l’examen technique des dossiers, place aux visites de terrain pour les experts de l’Unesco (1). Depuis hier, les équipes mandatées par l’Union internationale pour la conservation de la nature peuvent juger sur pièces la candidature des « Alpes de la Méditerranée », vaste ensemble géologique qui s’étire entre Alpes-Maritimes, Monaco et Italie. Nouvelle étape vers le verdict final, attendu pour l’été 2019. Alors ? La Côte d’Azur va-telle, enfin, compter un représentant au patrimoine mondial de l’Unesco (2) ? Voici, sans forfanterie ni excès d’optimisme, cinq bonnes raisons d’y croire.
1 Une nature d’exception
À l’aube des années 2000, cette candidature concernait la seule Vallée des Merveilles. Au fil du temps, elle a gagné du terrain et s’est recentrée sur sa richesse géologique. Désormais, ces « Alpes de la Méditerranée » recouvrent 200 000 hectares entre Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Piémont et Ligurie, près de 80 communes dont 42 azuréennes, culminent à 3 300 m d’altitude et plongent par 2 600 m de fond. Ouf ! Leur fil conducteur ? « L’originalité géologique de ce territoire, théâtre d’une succession d’événements majeurs orogéniques [liés au processus de formation des montagnes, ndlr], répartis sur plus de 400 millions d’années », plaide Charles-Ange Ginésy, le président du Département des Alpes-Maritimes. Une nature d’exception, assurément. Reste à convaincre l’Unesco du caractère « exceptionnel » de ce bien naturel, critère clé pour décrocher le précieux label.
2 Un message à trois
France, Italie, Monaco: les « Alpes de la Méditerranée » présentent donc une candidature à trois visages. Plutôt un avantage, selon Laurent Stefanini, délégué permanent de la France à l’Unesco : « Les dossiers plurinationaux ont plus de poids à l’Unesco, qui est une organisation de coopération internationale.» Autre atout : en reprenant le flambeau d’un dossier amorcé par la France, l’Italie lui a conféré un nouvel élan. N’ayant pas autant de candidats en salle d’attente, elle a pu présenter celui-ci sans plus attendre. Forza !
3 Une garantie pour l’avenir
Figurer au patrimoine mondial de l’Unesco n’est pas qu’un titre : c’est un privilège, qui tire un territoire vers le haut. « Cette inscription permettrait la préservation de nos sites naturels géologiques et leur transmission, de manière intacte, à la future génération, espère Charles-Ange Ginésy. Elle apporterait également, par ce label prestigieux des plus honorifiques, un rayonnement au niveau international. » Avec à la clé, accessoirement, la promesse de jolies retombées touristiques pour l’heureux élu labellisé.
4 Dix mois, le verdict
Après une lente gestation, les « Alpes de la Méditerranée » accélèrent dans la dernière ligne droite. Place aux géologues et naturalistes spécialisés dans la tectonique des plaques. Ensuite, viendra le temps de l’analyse. Puis du choix. La 43e cession du Comité du patrimoine mondial se tiendra à Bakou (Azerbaïdjan) du 30 juin au 10 juillet 2019. Label ou pas label : cette candidature tripartite sera alors fixée sur son sort.
5 Trois autres candidatures
Elle ne sera pas la première. Les « patrimoines vivants en pays de Grasse », qui postulent dans la catégorie des biens immatériels, attendent une réponse dès la fin 2018. Or les savoir-faire liés aux parfums grassois ont de bonnes chances de séduire l’Unesco. « Nice, ville neuve née du tourisme ou l’invention de la Riviera » est entrée dans la course en 2012. Depuis 2015, Cannes postule à son tour avec « Les îles de Lérins, exemple exceptionnel d’une occupation traditionnelle militaire et religieuse d’un espace insulaire ». En somme, quatre chances pour notre département de décrocher le Graal. 1. Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. 2. A ce jour, seul le « Cabanon » de Le Corbusier, à Roquebrune-Cap-Martin, a obtenu le prestigieux label, mais dans le cadre d’une candidature thématique conjointement présentée par sept pays.