Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Tram : un immeuble de la rue Ségurane démonté

Le bâtiment ancien, fragile, juste au-dessus du tracé souterrain du tram, avait déjà été acquis par la Métropole. Il devait être conservé, mais les dernières études l’ont finalement condamné

- YANN DELANOË

En plein secteur sauvegardé, à l’angle des rues Ségurane et Antoine-Gautier, un immeuble est en cours de démolition, grignoté par une immense pince métallique. Le numéro 24 de la rue Ségurane ne sera bientôt plus. Pourquoi? Parce que ce bâtiment, qui comprend les numéros 20,22 et 24 de la rue Ségurane, avait fait l’objet d’une expropriat­ion dans le cadre de la Déclaratio­n d’Utilité Publique (DUP) prise pour la réalisatio­n de la ligne Ouest-Est du tramway. La Métropole Nice Côte d’Azur justifiait l’utilité de cette expropriat­ion par le fait que son acquisitio­n permettait d’assurer la sécurité de l’ouvrage et celle des personnes. «Le tracé du tramway passe sous le bâtiment» indique la Métropole. Qui devait au départ conserver au moins les façades, à la demande de l’architecte des Bâtiments de France. Mais que s’est-il donc alors passé entretemps?

Fondations insuffisan­tes

«Depuis le début du projet, les ingénieurs ont oeuvré pour conserver ce bâtiment à la demande de l’architecte des bâtiments de France. Il était prévu de conserver les trois façades et de vider l’intérieur, confirme la Métropole. L’évidement du bâtiment était nécessaire pour permettre aux engins de grande hauteur de réaliser les parois moulées de la tranchée couverte du tunnel du tram depuis l’intérieur du bâtiment. Les fondations du bâtiment devaient être reprises pour s’appuyer directemen­t sur la tranchée couverte par une opération de reprise en sousoeuvre». Des opérations d’envergure, difficiles, en présence d’un bâti historique aux fondations fragiles. Au final, tout ne se passera pas exactement comme prévu: «Au fur et à mesure, le démontage des planchers de l’intérieur est venu confirmer les sondages réalisés auparavant sur l’insuffisan­ce initiale des fondations du bâtiment, ce qui a motivé la prise de décision du démontage total. Décision partagée par l’architecte des bâtiments de France» ,explique la Métropole, qui précise: «Il est important de rappeler que ce bâtiment présentait déjà, avant les travaux, un fort gite puisque la façade arrière a subi un tassement de près de 30 cm par rapport à la façade côté Ségurane. Concernant la faiblesse des fondations, la présence d’un chenal cru (sorte de tuyau siège d’écoulement souterrain) avait été détectée dans le cadre des sondages complément­aires réalisés en période de préparatio­n.» Toutefois, un bloc de bâtiment sera conservé. Les travaux des numéros 22 et 24, ont consisté, dans un premier temps, au démontage de la toiture, des murs intérieurs et des planchers. «Les travaux de démontage complet ont débuté en début de semaine et seront achevés avec l’éliminatio­n des gravats en décharge contrôlée en fin de semaine prochaine» indique la Métropole.

La parcelle sera vendue

Mais, si un bloc de bâtiment est conservé, pourquoi y avoir procédé à

des expropriat­ions? «Parce que le bâtiment concerné est une unité structurel­le unique qui couvre les 20, 22 et 24 rue Ségurane dont la division n’est pas possible: le maintien de la partie non démolie aurait exigé des conforteme­nts (tirants dans le plancher) en raison de la technique de creusement en tranchée couverte (faible profondeur du tunnel) pour en garantir sa stabilité.» Il fallait donc que l’immeuble entier soit vide. Quid de cette parcelle à l’avenir? Le terrain sera vendu à un opérateur économique qui réalisera la reconstruc­tion du site. «Cette opération rapportera des recettes importante­s à la Ville au regard

de son emplacemen­t de choix» , estime la municipali­té. Nul doute que sur ce secteur prisé, les candidats ne manqueront pas… Mais nul doute que les contrainte­s liées à la présence de bâtiments historique­s tout autour ne manqueront pas non plus.

 ?? (Photo Franck Fernandes) ?? L’immeuble, à l’angle des rues Ségurane et Antoine-Gautier, est en cours de «démontage».
(Photo Franck Fernandes) L’immeuble, à l’angle des rues Ségurane et Antoine-Gautier, est en cours de «démontage».

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