Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

 coups de couteau,  ans de prison

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

D’un côté, une partie civile qui s’étonne de voir le prévenu échapper aux assises. De l’autre, une défense qui demande la relaxe, plaidant l’absence de preuves et, en aparté, déplorant un «délit de casier». La vérité judiciaire, le tribunal correction­nel de Nice l’a rendue vendredi en condamnant Omar Habibi à quatre ans de prison ferme. On lui reprochait d’avoir violemment agressé Kamar Andouh, à deux reprises, dans la nuit du 11 au 12 juillet 2017. La première fois sur le quai des États-Unis où, pour une raison qui n’a pas été établie, Andouh a reçu un coup de couteau à la main gauche. Secouru par un tiers, celui-ci a été ramené au pied de son immeuble, rue du Compte-Vert dans le quartier de l’Ariane. Où Habibi l’aurait de nouveau attaqué, lui assénant trois autres coups de couteau dans la région du thorax. Lorsqu’il a composé le 18, Kamar Andouh, très alcoolisé, n’avait aucune conscience de la gravité de son état. C’est ce que révèle l’enregistre­ment de son appel où l’on entend ces mots hésitants : «Je crois que je me suis mangé un coup de couteau…» Et, peu après: «Oh, p…! Omar m’a planté…» Touché en plein coeur, le pronostic vital engagé, Andouh a bien failli trépasser. S’il dit ignorer le mobile de cet homme qu’il connaît sans l’avoir jamais fréquenté, les conséquenc­es restent lourdes. Livreur d’appareils électromén­ager, il a perdu son travail, incapable désormais de porter le moindre sac de courses.

« Ça reste à prouver »

Habibi, lui, affirme n’avoir rien fait. Son couteau? «Je suis pêcheur.» Les accusation­s ne le concernent pas: «C’est des dires, ça reste à prouver. Dans le quartier, je ne suis pas le seul à m’appeler Omar.» Ses vingt condamnati­ons antérieure­s forment un profil assez peu engageant. Et sa radicalisa­tion l’aurait progressiv­ement isolé. Devant les policiers, Omar Habibi a déclaré ne fonder aucune confiance dans la justice de la France, se remettant à la seule qui compte à ses yeux : « Celle de Dieu… » Surveillé par la direction générale de la sécurité intérieure, sans que l’on sache pour autant s’il est «fiché S», cet impulsif est décrit comme «un gentil garçon» par sa mère, qui l’héberge. Il ne travaille pas, néglige de verser quelque pension que ce soit pour l’entretien de ses enfants, consomme beaucoup de cannabis et «part en clash» dès qu’il est contrarié. Un expert le dit «égocentré», «intolérant à la frustratio­n», «impulsif». Et, bien qu’il soit accessible à une sanction pénale, décrit une «personnali­té psychopath­ique» et un «sens moral altéré». Habibi rejette tout en bloc: «Comment il peut m’analyser en 10 minutes?» On sait tout de même que, par mesure disciplina­ire, on l’a transféré aux Baumettes. Lors d’une altercatio­n dans les douches de la maison d’arrêt de Nice, il avait fait usage d’une lame… «Kamar Andouh est un survivant. Qui a fait preuve de courage en brisant la loi du silence», estime son avocate, Me Audrey Vazzana, tandis qu’en face, Me Jean-Louis Paganelli estime que «la rumeur a désigné l’individu que tout le quartier détestait».

Newspapers in French

Newspapers from France