Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La fête de la violette fleurit ce matin
À la maison Coche, comme chez Romic, on est fin prêt pour la fête
On l’appelle violette ou viola victoria
odorata. On l’assemble en bouquets, ou en paquets de fleurs cristallisées. On l’aime pour son parfum gourmand ou pour son goût délicat. De cette rhizomateuse rampante au feuillage persistant couleur vert clair, il existe autant de variétés que de façon de la cultiver. En pleine terre, en bac, en pot ou encore en jardinière, refleurissent chaque année ces fleurs d’hiver. Pourtant, d’une quarantaine de cultivateurs dans les années , ils ne sont, aujourd’hui, plus que trois. La terre tourrettane, jadis couverte de pétales violets, s’inquiète aujourd’hui de voir faner les derniers exploitants en activité. Que vous soyez plus bouquet, sirop ou encore sucette, vous avez rendez-vous avec Tourrettes. L’heure est, aujourd’hui, à la fête, puisque commencent les célébrations de la violette. De quoi rappeler des souvenirs aux plus anciens et faire découvrir de nouvelles saveurs et odeurs aux bambins.
Chez odorata les Coche, est la une culture affaire de de la famille. violette « victoria On est quatre et son à cueillir mari David, les fleurs. mon Ma neveu soeur Florence Benoit clientèle et moi. et Ma de femme l’emballage Olivia » s’occupe explique de Jérôme la Coche, producteur de violette tourrettan. Ici, la fleur est cultivée en agriculture raisonnée, sur 4 000 m2 de serres, à raison de 1 500 boudins, avec 40 pieds par boudin. Les plants poussent donc hors-sol, dans la perlite (un substrat volcanique Ndlr). « La culture en boudin permet de multiplier la surface de culture par quatre. Et puis, c’est plus pratique pour cueillir les violettes, pas besoin de se casser le dos en se baissant ! » explique le producteur avec humour. Parce que la violette, ça se cueille exclusivement à la main. La fleur est petite et très délicate, et la pousse en rhizome ne permet pas de travailler avec des machines. « Mes parents se sont installés dans les années 70 et ont lancé la confiserie pour pouvoir produire toute l’année. À l’époque, le mimosa et la violette étaient les seules fleurs d’hiver » raconte Jérôme. Mais de nos jours, la concurrence étrangère, notamment égyptienne, fait rage. « On arrive encore à se démarquer parce qu’on offre un produit d’excellence » se rassure Jérôme. Malgré un regain de la fleur à parfum, ça reste compliqué. « La culture hors-sol nous a fait gagner du temps, pendant lequel on fait de la confiserie. C’est comme ça qu’on arrive à rester stable. Les bouquets c’est surtout pour la fête de la violette, à peine 5 % du chiffre d’affaires. 10 % pour le parfum et le reste, c’est la confiserie ! » précise Jérôme Coche.
Pour préparer la fête de la violette, il a fallu se remonter les manches. Pour atteindre les 15 000 bouquets nécessaires à la décoration de la commune, chacun des trois producteurs tourrettans a ainsi dû en confectionner 5 000. Les maisons Coche, Romic et Quentin ont donc été mises à contribution !
Fleurs en bouquets
Michel Romic produit majoritairement des bouquets, mais aussi des plants de violettes en pot. « Dans la famille, on est tous nés dedans. Mes parents ont fondé l’exploitation il y a 70 ans, et
puis un jour, ça a été mon tour de reprendre » explique Michel Romic. D’octobre à mars, le producteur se concentre sur les bouquets. Au mois de mai, les feuilles poussent à foison et sont récoltées pour le parfum. Les fleurs, relativement fragiles, sont conservées à 5 degrés, en chambre froide. Elles se conservent une quinzaine de jours au frais, et une petite semaine à l’air libre.
Culture hors-sol
« Chez nous, tout est cultivé en hors-sol, sous serre. La serre protège des intempéries et des températures extrêmes et le hors-sol évite de devoir désherber. Mais bon, l’herbe vient quand même, surtout quand les plants sont âgés ! » explique Michel, l’oeil rieur. Vivace, le plant de violette se garde une quinzaine d’années, « après il donne moins et il est temps de le changer » explique le producteur.
Un avenir compliqué
« Avant, les fleurs pouvaient se récolter jusqu’à fin mars, mais avec le réchauffement climatique, ça finit de plus en plus tôt. On a perdu octobre et mars en quelques décennies ! » regrette Michel. Selon
lui, la violette a perdu la côte. « Avant ça se vendait vraiment bien, mais aujourd’hui, à part quelques gros coups à Noël, à la Saint-Valentin et à la fête de la violette, c’est compliqué. Une image de fleur de vieux lui colle à la peau. Les jeunes n’achètent déjà pas de fleurs, alors imaginez les violettes ! »