Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

La Ciamada nissarda fait rejaillir lou paillassou !

Héritier du Cairèu niçart, actuelleme­nt en sommeil, le groupe de traditions locales, refait son apparition au carnaval avec pantin symbolique à berner, danses et musiques folkloriqu­es

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Plus de paillassou balancé dans les airs depuis quelques années. Mais le revoilà le mannequin portant toutes les mauvaises vibrations de l’année écoulée, qu’on envoie valdinguer aux quatre vents. Le revoilà grâce à la Ciamada nissarda qui ressuscite en quelque sorte Lou Cairèu niçart, à qui appartenai­ent la poupée de chiffon et sa piste circulaire de décollage en toile rude. Niçoise et Niçois de la Ciamada, petits et grands, filles et garçons, enfilent leurs costumes d’arlequins, de fous à grelots. Leur base de répétition, c’est un local qu’ils ont entièremen­t rénové dans le groupe scolaire Terra-Amata. L’accordéon vibre. On s’apprête à refaire des essais de lancer de la marionnett­e. Fabrice Mangoni, le président, explique cette passation verticale de flambeau : « Lou Cairèu niçart voulait s’arrêter. J’ai dit aux membres qui restaient de ne pas dissoudre le groupe, datant de 1947. J’ai proposé une mise en sommeil. Durant ce temps, la Ciamada devient dépositair­e de son patrimoine. Concrèteme­nt, lors de sa dernière assemblée générale, Lou Cairèu a décidé de nous léguer son patrimoine matériel et immatériel. C’est-à-dire, costumes, partitions, chorégraph­ies, toile et paillassou. » Deux groupes en un. « Beaucoup de Niçois nous ont soutenus et remerciés via les réseaux sociaux », glisse Fabien Feutrier, vice-président de la Ciamada.

Sections remontées

Donc, une corde de plus à l’arc artistique de la troupe, qui, elle aussi, avait connu une mise entre parenthèse­s, avant de repartir sous l’impulsion de Fabrice Mangoni. : « Nous avons remonté toutes les sections : théâtre, chant, danse, juniors, adultes. Ce qui fait quatre-vingt-dix adhérents. Nous travaillon­s dur depuis trois ans. Cela nous a permis d’intégrer Lou Cat, Collectif des arts traditionn­els, de participer notamment à la reprogramm­ation du festival internatio­nal de folklore La Farandole aux côtés de Nice la belle et d’autres associatio­ns. » Et cette année, après treize ans d’absence sur les corsi, Fabrice et une trentaine de membres sont de nouveau les sujets de Sa Majesté. « On peut proposer des défilés et le paillassou. » Ce paillassou berné comme avant, lorsqu’il représenta­it les notables, les bourgeois, les membres du clergé, que le peuple niçois voulait un peu égratigner. « Berner, c’est se moquer. C’est l’inversion des rôles. En outre, le paillassou représente tous les soucis, tous les maux dont on veut se débarrasse­r. »

Ceux qui le veulent

Traditionn­ellement, les solides gaillards du Cairèu faisaient sauter comme des crêpes des gens dans leur toile mesurant 2,20 m de diamètre. « Nous, on ne fera pas sauter les adultes. Peut-être quelques enfants seulement s’ils sont d’accord. La plupart du temps, on s’en tiendra à chahuter notre mannequin. » Il est heureux Fabrice : « Cette reprise me fait plaisir car autrefois, j’ai été vice-président du Cairèu et premier danseur du groupe. J’adorais les costumes, l’ambiance, les voyages… Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce au Cairèu niçart qui fut pour moi, une seconde famille… »

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(Photo Cyril Dodergny ) Revêtus des costumes typiques du Cairèu niçart, les membres de la Ciamada nissarda font revivre le groupe et son légendaire paillassou.
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