Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Alice Modolo, la petite sirène

L’Azuréenne visite les fonds marins. Avant de plonger, un travail au sec est indispensa­ble. La championne de France d’apnée en poids constant multiplie les discipline­s pour s’entraîner...

- ALEXANDRE PLUMEY

Derrière des minutes passées dans les abysses se cachent souvent des heures un peu moins plaisantes. Beaucoup plus fastidieus­es. Alice Modolo a beau descendre jusqu’à 88 mètres de profondeur, l’essentiel de son entraîneme­nt se fait sur la terre ferme. Surtout dans cette période hivernale et de préparatio­n avant une saison sportive débutant avec les beaux jours.

Implicatio­n totale

La grâce de l’apnée monopalme fait donc place à l’abnégation face à une barre de musculatio­n. Entre les étroits murs gris d’une salle de crossfit, la vice-championne du monde se prépare à affronter l’immensité des profondeur­s marines. Dans un emploi du temps chargé avant de partir en Polynésie cette semaine, la chirurgien-dentiste de profession ne néglige jamais ses trois à quatre séances par semaine. Si utiles et efficaces. « Ça m’apporte de la coordinati­on et une préparatio­n physique complète et générale. En plus, c’est une discipline aux gestes très précis comme l’apnée, détaille-telle essoufflée au sortir d’une heure de séance. J’ai besoin de me mettre dans le dur, car une sortie en mer est tout aussi éprouvante. » D’où cette implicatio­n totale, au bout de l’effort, au bout de soi-même. Néanmoins la forme physique n’est qu’un des facteurs de la performanc­e. Sous l’eau, il faut savoir gérer son air. Non pas pour respirer mais pour l’économiser. L’apnéiste travaille ainsi sur son diaphragme et la souplesse de sa cage thoracique. « J’ai besoin de me recentrer sur moi avant de plonger. Deux fois par semaine je fais du yoga et des exercices techniques de respiratio­n. J’ai également ma routine quotidienn­e d’un quart d’heure. » S’ajoutent à cela, des sorties hebdomadai­res palmes aux pieds dans la Grande Bleue pour garder contact avec l’élément épanouissa­nt qu’est la mer.

Le mental d’abord !

Pourtant, même si le menu est déjà copieux, un dernier ingrédient est indispensa­ble à une descente réussie : le mental. La recordwoma­n de France continue d’avoir ce besoin d’imagerie mentale avant de se lancer à l’assaut des fonds marins. «En plongeant, je bascule dans un univers dans lequel je sais qu’il y aura une phase où je serai dans l’inconfort, à 90 m. C’est comme si j’étais écrasée par un poids lourd de 15 tonnes, présente-elle. Avant de me lancer j’ai toujours mon moment à moi pour me concentrer ». Afin de favoriser ce déclic, de rentrer dans sa bulle, Alice Modolo fait appel à ses souvenirs. « Par exemple, durant cette nage avec les mammifères marins (pour une campagne de sensibilis­ation), je vais en prendre pleins les yeux. À l’approche de la compétitio­n, quand il faudra oser, ça m’aidera à appréhende­r le plongeon plus positiveme­nt ». Des paysages polynésien­s bien loin du fond de la piscine chlorée de ClermontFe­rrand, celle de ses débuts. À 34 ans, un objectif guide ses exploits, un peu comme le filin accompagne chacune de ses descentes. Sans se fixer de date, franchir la mythique barre des 100 mètres titille la sirène des temps modernes. « Symbolique­ment, c’est la barrière de l’autre monde. J’adorerai être la première française à y parvenir. » Pourquoi pas dans la baie de Villefranc­he-sur-Mer, cadre de ses entraîneme­nts et de ses prochaines compétitio­ns estivales. La symbolique serait belle pour cette azuréenne d’adoption depuis six ans désormais. D’où tous ces entraîneme­nts sur la terre pour performer en mer.

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(Photo DR) La vice-championne du monde aimerait être la première à descendre sous la barre des  mètres. Elle s’entraîne régulièrem­ent à Villefranc­he.

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