Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Ducasse joue la carte écolo au pied de la Tour Eiffel
Le chef monégasque vient d’ouvrir un restaurant gastronomique sur un bateau 100 % électrique. Une prouesse technique et un message environnemental fort lancé aux Parisiens
C’est un magnifique projet technologique et technique, avec une vraie cuisine à bord de 90 m2 – tout électrique ! » Le chef Francis Fauvel a été choisi par Alain Ducasse pour diriger les fourneaux d’un de ses derniers nés : un bateau gastronomique tout écolo au pied de la Tour Eiffel. Un véritable défi quand on sait que
! « L’équipe est motivée par le projet », affirme le chef. Lui qui est passé par le Louis XV de l’Hôtel de Paris à Monaco concrétise tous les jours le défi de son patron monégasque. « Il a fallu adapter les cocottes, les plaques, les fourneaux, les casseroles, la cuisson à la plancha… Cela change nos habitudes de cuisson. L’avantage est qu’il fait bien moins chaud en cuisine… »
« C’est le plus grand bateau au monde électrique »
Mais le premier enthousiaste, c’est Alain Ducasse lui-même. « Bien sûr que ce bateau véhicule les valeurs environnementales du prince Albert II, explique le chef aux vingt étoiles. Il est 100 % électrique, c’est-à-dire sans pollution, sans odeurs, sans vibrations. Le pari est gros parce que cela représente trois cents tonnes. C’est le plus grand bateau au monde électrique. » Depuis le 20 septembre dernier, jusqu’à cent dix clients montent à bord, pour chaque service, de cette vaste embarcation de 40 mètres de long et 10 mètres de large, sur le port Debilly, au niveau du Pont de l’Alma. Jusqu’à 180 personnes peuvent embarquer au total, personnel compris. Au fil de l’eau, durant deux heures de croisière, « Ducasse sur Seine » offre un panorama unique des plus belles vues de Paris. Tout cela sans bruit. On oublierait presque que l’on est en croisière.
En novembre avec le couple princier
Albert II lui-même et son épouse ont été les invités du chef monégasque quelques semaines après l’inauguration. « J’ai reçu le souverain et la princesse Charlène à bord, le lendemain du dîner des chefs d’État du 11-Novembre », précise Alain Ducasse, qui a également participé à ce dîner organisé au Musée d’Orsay et voulu par le couple présidentiel Emmanuel et Brigitte Macron pour célébrer la commémoration du centenaire de l’Armistice. Et si c’est écolo au fil de l’eau, c’est sain dans l’assiette. « On ne peut pas encore faire un bateau végétalien, poursuit Alain Ducasse. La nourriture n’est pas sans viande, mais saisonnière. Il faut être précautionneux des ressources rares de la planète. Quand je fais le repas des chefs d’État, le premier plat est végétalien. Il n’y avait de contestation ni religieuse, ni éthique, ni liée à une intolérance au gluten ou au lait ; donc zéro problématique. Et tout le monde a mangé parce que tout le monde peut manger. » Et si tout le monde mange, c’est aussi et avant tout parce que les produits et la préparation sont de qualité exceptionnelle. Sur le bateau « Ducasse sur Seine », projet né il y a cinq ans, l’esprit Ducasse est partout. Dans l’assiette bien sûr, mais aussi dans l’art de vivre. Le plafond rappelle les ondulations du fleuve. Le sol évoque un plan de Paris. Le tout dans une déclinaison de gris. Irrésistiblement parisien.
Savoir +
(Photos J.D.) Ducasse sur Seine. Déjeuner à partir de 100 euros. Dîner à partir de 150 euros par personne. Embarquement et débarquement au Port Debilly, Paris (16e). Voiturier : place de Varsovie. Réservation : www.ducasse-seine.com