Nice-Matin se penche sur l’avenir de la presse régionale

Votre journal vient de lancer Le Mas Nice-Matin, son lieu d’innovation, à travers une conférence sur l’avenir de la PQR

Votre quotidien innove. Avec la récente création en son sein du Mas Nice-Matin, qui va regrouper d’ici peu un incubateur de start-ups et de médias émergents ainsi que des formations. Et avec le premier événement organisé il y a quelques jours au sein du Mas, sous forme d’une conférencedébat du sociologue des médias Jean-Marie Charon, sur l’avenir de la presse quotidienne régionale (PQR), à laquelle était convié le personnel de l’entreprise et des étudiants en journalisme. Avec une question évidente : face aux bouleversements induits par le numérique et à la modification des habitudes de « consommation » de l’information, la PQR papier a-t-elle un avenir ?

Des communautés et des supports de lecture différents

Pour y répondre, le sociologue identifie les défis que doit relever la PQR. Tout d’abord la transformation des ressources : la publicité qui faisait auparavant vivre vos journaux s’est tournée vers les supports numériques et la presse papier doit trouver d’autres ressources. Le deuxième défi est celui du renouvellement des lecteurs. Ceux de la PQR, ce n’est pas un secret, sont plutôt âgés. Les jeunes, surtout habitants des zones urbaines, ont un rapport aux médias différent. Ils ne s’informent pas à travers un média particulier mais vont plutôt chercher l’information au travers des moteurs de recherche et des réseaux sociaux. A la presse quotidienne de trouver sa place dans cette offre. Enfin, le modèle de la PQR, plutôt basé sur une information qui fédère, apparaît en décalage voire à contre-courant, dans une société fragmentée, où peu de thèmes font réellement consensus. « Le principal défi éditorial est d’être capable d’identifier des groupes en fonction des pôles d’intérêts », souligne à cet égard le sociologue. Mais pas seulement. Selon le spécialiste, la PQR doit aller « s’adresser à des communautés différentes, sur des supports différents [smartphone, tablette, ordinateur, journal papier], à des moments différents, en fonction des habitudes de lecture ».

Surprendre en conservant les fondamentaux

Tout cela sans oublier le papier, en repensant sa fonction, afin de « surprendre tout en conservant les fondamentaux ». Vaste chantier. Pour lequel « les rédactions sont de plus en plus appelées à fonctionner comme des lieux de recherche et de création » , a insisté Jean-Marie Charon. Tout en soulignant que « la réflexion doit intégrer le lectorat, notamment plus âgé, qui n’a pas le même rapport à l’imprimé qu’un public plus jeune ». À nous, lecteurs, de répondre à cette attente et d’accompagner cette réflexion si nous voulons pour demain garder une presse quotidienne régionale vivante et en bonne santé.

(Photo F. V.)