Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les mesures du gouvernement ont du mal à convaincre
Alors que la population des loups enfle à grande vitesse, et qu’ils s’approchent de plus en plus du littoral, les annonces d’hier ne semblent pas convaincre les bergers
Toujours plus nombreux, toujours plus proches du littoral. Alors que le cap des 500 loups ne devait être passé qu’en 2023 – « pour ancrer la protection de l’espèce » selon l’État – il va être franchi dès cette année. Avec ses conséquences : 12 000 bêtes, brebis, moutons, sont désormais tuées chaque année en France par le loup. Près de 3 000 rien que pour le département des AlpesMaritimes l’an dernier, selon le syndicat des éleveurs d’ovins. À Bormes-les-Mimosas (Var), le 14 février, c’est dans un camping que le canis lupus était repéré. Il a fallu l’intervention de la gendarmerie pour l’abattre dans un lotissement tout proche, l’animal se révélant agressif. Il y a quelques semaines, dans la Vésubie (Alpes-Maritimes), le loup a été vu à 7 heures du matin sur une aire fréquentée par les canyoneurs. Une vingtaine de meutes sont installées depuis plusieurs dizaines d’années dans le Var et dans les Alpes-Maritimes (1). Notre région
comptabilise à elle seule 64 % des attaques au plan national. Les éleveurs réclamaient des mesures. Cinq ont été annoncées hier lors du Groupe national loup (GNL) qui se tenait à Lyon (lire par ailleurs). Mais pas de quoi les rassurer.
Les éleveurs n’y croient plus
Pour Daniel Nicolao, éleveur à Roquebillière (Alpes-Maritimes), tout ceci n’est que poudre aux yeux. « Ils protègent une espèce au détriment des hommes », enrage-t-il. En avril 2015, une attaque d’ampleur avait touché 21 de ses bêtes, en tuant douze. De colère, il était allé déposer les carcasses de ses brebis sur les ronds-points de la route de Grenoble à Nice. « Non seulement nos bêtes sont attaquées, mais le gibier est aussi en voie de disparition. Les loups tuent les chevreuils, les biches. Voilà où mène le combat des écolos. Ce sont maintenant des familles entières qui en vivent qui sont menacées. » Selon les annonces faites hier, les autorisations de tir passeront de 10 % en 2018 à 17 % en 2019. C’était une promesse d’Emmanuel Macron. Les éleveurs, eux, n’y croient plus. Avec une conséquence directe : le métier de berger ne fait plus recette. « Quand ma génération aura pris sa retraite, ils ne seront plus nombreux », soupire Daniel Nicolao. 1. Var: Quatre à Canjuers, 1 dans l’ouest-Var (au sud de Cadarache), 1 autre sur le territoire de la Provence Verte, et 3 « à cheval » sur le département : une vers la Sainte-Victoire (13), une autre à Audibergue (06) puis une à Montdenier (04).
Alpes-Maritimes : 14 meutes installées, Thiey Caussols, Cheiron, Gourdan, Pré-Alpes Menton, Tournairet, Vésubie Roya, Vésubie Tinée, Moyenne Tinée, Aspres, Haute Tinée.
Meutes transfrontalières : 1avecleVar (Audibergue) ; 3 avec les Alpes-de-Haute-Provence (Teillon Estéron Coulomp Daluis, et Trois Évêchés).