Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
UN DJIHADISTE AZURÉEN RISQUE LA PEINE DE MORT
Le Cagnois Mohamed Berriri, ans, est l’un des douze Français jugés en Irak pour avoir rejoint les rangs de l’Etat islamique. La peine capitale a été prononcée lors des premières condamnations. La France s’y oppose.
Il est le plus jeune Français à être jugé à Bagdad. Mais il est passible, lui aussi, de la sanction ultime. Mohamed Berriri, 24 ans, originaire de Cagnes-sur-Mer, figure parmi les douze Français remis aux autorités irakiennes par les forces arabo-kurdes de Syrie. Il s’apprête à être jugé, à Bagdad, pour son rôle présumé dans les rangs de Daesh. Il encourt la peine capitale. Cet Azuréen serait parti en Syrie en 2014 ou 2015, après être passé par l’Italie. Selon nos informations, sa radicalisation était connue des services de renseignement de longue date. Après une scolarité chaotique à Cagnes-sur-Mer (collège des Bréguières) puis Nice (lycée Thierry-Maulnier), il aurait travaillé quelques mois dans le nettoiement à Saint-Laurent-du-Var, avant de partir en zone de conflit armé. Six des douze Français transférés à
Bagdad ont été jugés entre dimanche et mardi, selon l’AFP. Tous ont été condamnés à la peine de mort par pendaison, pour leur appartenance à l’organisation Etat islamique (dans les procès de terrorisme, cette sentence n’implique pas forcément d’avoir participé aux combats). Ils ont trente jours pour faire appel.
Le benjamin des
De telles condamnations visant des djihadistes français sont inédites. Leur peine pourrait toutefois être commuée en prison à perpétuité, fixée à une durée de 20 ans en Irak (contre 30 ans en France). Mardi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré sur France Inter que la France « multipli (ait) les démarches pour éviter la peine de mort » à ses ressortissants. Le procès de Mohamed Berriri, imminent, devrait permettre d’en savoir plus sur le rôle qui lui est imputé au sein de l’EI. Pour l’heure, tout juste sait-on qu’il est le benjamin du groupe de Français jugés à Bagdad. D’après nos informations, sa famille aurait perdu tout contact avec lui. Aujourd’hui encore, elle peine à glaner des nouvelles. De quoi rajouter à sa souffrance et son incompréhension.
Situation inédite
Le départ du jeune Cagnois aurait pris de court ses proches. Influençable, Mohamed se serait fait embrigader à leur insu. Sur Facebook, sa trace se perd le 7 juin 2015, sur une photo de route à la destination inconnue. Il a finalement été localisé dans les villes syriennes d’Al-Bab (mentionnée sur son profil Facebook) et Manbij, selon Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT). C’est cet organisme qui a remarqué la présence du jeune Cagnois, dans ces procès qu’il suit de près. Le nom de Mohamed Berriri rejoint ainsi la longue liste des Azuréens partis faire le djihad. Les Alpes-Maritimes sont l’un des départements les plus touchés par ce fléau – le prosélytisme mortifère du Niçois Omar Diaby y est pour beaucoup –. En France, l’opinion publique est majoritairement hostile au procès de djihadistes français dans leur pays d’origine. Pour autant, Jean-Charles Brisard regrette cette « situation inédite ». Pour cet expert des questions terroristes, « on aurait très bien pu imaginer de juger ces individus en France. Mais on n’a pas pris nos responsabilités. Ce faisant, on se prive de nombreux éléments de preuves et témoignages d’individus qui, pour certains, ont été complices de crimes de sang en France. »