Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
L’art de la différence contre les préjugés sur le handicap
L’association Cap’art 06 organise des ateliers qui mêlent, dans une joyeuse créativité, enfants, mamies et trisomiques. Leurs oeuvres sont exposées à Nice-Nord, au port et au parc Phoenix
La semaine dernière, rue Emmanuel-Philibert, quartier du port. Dans le petit local attenant à la librairie Les Ateliers illustrés, une dizaine de petits minois appliqués se penchent sur une longue table jonchée de papiers dorés, calque, bleus, fins, de toutes les couleurs. « Et, ça, pour faire un nuage, qu’estce que tu en penses, Lucie ? » ,demande Alyssia, en extirpant un petit bout de feutrine immaculé d’une boîte débordante. Alyssia a 25 ans. Elle est trisomique. Elle anime cet atelier avec Pierre-François, 44 ans, trisomique lui aussi. Ensemble, ils apprennent à un groupe d’enfants, de 8 à 10 ans, à créer un petit livret.
« Changer le regard »
Un peu en retrait, bienveillante, la plasticienne de l’association Cap’art 06 (1), Annie Maya, distribue des paires de ciseaux, veille à ce que les feuilles soient bien pliées, propose des idées au vol. Les petites filles sont absorbées. Le moment est joyeux, simple, naturel. Ça bouillonne, on colle, on met de la couleur. Ça dessine de la fierté dans les yeux d’Alyssia et de Pierre-François. Et ça dit plein de possibles. «Avecousanshandicap, enfants ou adultes, ils baignent tous ensemble dans ce bain de couleur », sourit la présidente de Cap’art 06, Gaëtane Ficara. « Alyssia et Pierre-François transmettent leur passion, c’est un moment valorisant. Changer le regard sur eux, c’est difficile », complète Annie Maya. Le regard des autres, les jugements à l’emporte-pièce, elle sait. La trisomie 21 fait partie de sa vie depuis la naissance de son fils porteur de cette anomalie génétique. Elle sait aussi qu’« ils ont beaucoup plus de capacités qu’on imagine. » Et elle a décidé de le montrer en organisant ces ateliers en partenariat avec l’association Trisomie 21 mais aussi en exposant les oeuvres de ces artistes, handicapés, ou pas.
À la librairie et au parc Phoenix
« L’idée, c’est de sortir leurs travaux des murs et de montrer qu’ils ont du talent », poursuit Annie Maya. Ces expositions s’intitulent Reg’arts croisés : Le Porello, histoires à déplier est à voir jusqu’au 7 juin à la librairie (2), des travaux seront aussi exposés au parc Phoenix du 6 au 23 juin.
(1) Contacts : 06.88.48.25.09 ou cap.art@free.fr (2) Les Ateliers illustrés : 9, rue Emmanuel-Philibert.