Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Rêve d’enfants

Malou Ravella Auteure de livres jeunesse, montagnard­e, carnavaliè­re pour les gosses, celle qui fut institutri­ce, directrice d’école, conseillèr­e pédagogiqu­e, reste la jolie môme des petits

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Malou Ravella arrive de la Gordolasqu­e avec ses trois derniers livres édités chez Gilletta : Crottes de marmottes, Le Camping-car de Félix, Marinette la vache qui (rous) pète. Trois ouvrages destinés aux enfants, présentés au Festival du livre de Nice (de vendredi à dimanche), colorés, gais, porteurs de beaux et bons messages dès 3 ans. «Les marmottes, c’est l’entraide dans la difficulté et parfois dans l’urgence.

Marinette, elle, évoque l’environnem­ent. Dans le camping-car, on imagine que les objets ont une âme. » De la bienveilla­nce à chaque ligne. À l’image de l’auteure. Malou. Pétillante. Rayonnante. Au sourire si généreux. Si ouvert aux autres. Aux jeunes, notamment. « Dans ma vie, tout a souvent tourné autour des enfants. » Institutri­ce. Directrice de l’école Rothschild. « C’est là que j’ai la révélation : avoir des enfants de 3 ans. Des tout-petits tellement neufs, aux yeux tellement grands ouverts, que j’ai eu envie de tout leur apprendre. J’ai découvert la maternelle et l’élémentair­e. » Deuxième révélation. Une amie peintre de Belvédère lui suggère d’écrire une histoire enfantine et lui propose de l’illustrer. « Je suis partie comme ça. Avec une maman d’élève qui venait de monter sa maison d’édition, Ricochet. »

Elle gravit les sommets

Titre numéro 1 : Une énorme faim de loup. Vendu à plusieurs milliers d’exemplaire­s. Suivi d’autres. Plus tard, c’est la rencontre fructueuse avec Valérie Castera, directrice des éditions Gilletta-Nice-Matin. «Onen est au 8e livre. » Textes pour esprits vierges. Intrigues pour adultes également : Drame vertical, De Gialorgues à Casterino, Un Sherpa dans le Mercantour. « Chaque fois, il y a la montagne, que j’adore. » Cette montagne que Malou pratique. « D’abord aux Éclaireurs, puis lorsque j’ai rencontré Patrice, mon mari, qui est alpiniste. » Ski alpin, ski de fond, marche, escalade, alpinisme. Haut. Elle vit à 1 500 mètres d’altitude. Encore plus haut. « Là, je pars pour la sixième fois au Népal. Je fais un trek. Une expédition avec des sherpas. Et des amis. J’organise les voyages, qui durent entre trois et cinq semaines. On dort dans des lodges qui peuvent être de simples cabanes faites de planches et de toile de jute. On monte à 5 700 mètres. » Le Népal, autre type d’illuminati­on. « Chaque fois, je reçois plusieurs chocs. Choc visuel des villes anarchique­s, des montagnes immenses d’où je vois l’Everest. C’est fabuleux. Choc cultuel. Là-bas, c’est 80 % d’hindouisme, 18 % de bouddhisme, le reste étant réparti entre catholique­s, musulmans… Il y a un tel syncrétism­e entre ces religions, ces philosophi­es, que même les gens du cru ne savent plus où ils en sont. » Une bigote sur le toit du monde ? Non. « Je ne suis ni pratiquant­e, ni croyante, mais il se passe quelque chose. La spirituali­té est là. Ça remue, ça vibre, ça brasse des énergies. Et puis, les habitants vivent dans la pauvreté, bien qu’ils ne soient pas miséreux, et si tu vois leurs visages… Toujours souriant. Ils irradient. On danse, on chante, on communique. » Comme au carnaval. L’autre passion vitale de Malou : « Après la direction de l’école, j’ai été conseillèr­e pédagogiqu­e. D’abord généralist­e, puis spécialisé­e en langues et cultures régionales. »

Balade en cagette

Une très forte attirance pour la culture niçoise ? Forcément : « J’ai toujours entendu parler niçois. Mon grand-père maternel était au comité des fêtes. Il m’amenait partout avec son vélo. Il m’installait dans une cagette et on partait au carnaval. Il conduisait aussi les chars. En réalité, il guidait les chevaux qui tractaient les équipages, car il était charron. À l’ère de la mécanisati­on, il s’est mis à guider mon père, qui, lui, était chauffeur de bennes de la Ville et conducteur de chars. Ma grand-mère fabriquait des costumes et moi, avec mes cinq frères, je faisais la belle sur les chars. Je dominais le monde… » À partir de 2000, Sa Majesté voulut beaucoup d’enfants. Malou la conseillèr­e s’est alors mise à coordonner, chaque année, l’arrivée ou l’incinérati­on du roi, escorté de 2000 scolaires, à faire intervenir les ymagiers auprès des gosses pour créer masques et déguisemen­ts, à leur apprendre chants et danses, etc. Elle a aussi organisé les Mai juniors, soit 3 000 gosses sur deux journées à Cimiez. La fée Malou quoi !

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