Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Je serais très surpris s’il n’y avait pas d’offre »

En marge d’un déjeuner avec la presse, Gauthier Ganaye s’est confié en exclusivit­é à Nice-Matin

- WILLIAM HUMBERSET ET VINCENT MENICHINI

Depuis le début de son mandat, Gauthier Ganaye ne se cache pas. Hier encore, en marge d’un déjeuner sur la plage du

Galet, où il avait convié les journalist­es en compagnie de Patrick Vieira - qui lui n’a pas souhaité s’exprimer compte tenu de l’incertitud­e qui plane autour du club -, le président de l’OGC Nice a répondu à nos questions. Droit dans ses bottes, il s’attend à une offre de rachat du clan Ratcliffe dans les prochains jours. Malgré cette période d’instabilit­é, “GG” garde le cap et montre une vraie force de caractère.

« Mais oui, j’aimerais bien savoir ce qui va se passer dans le prochain épisode », affirme-t-il.

Comment décririez-vous ces quatre premiers mois passés à la tête de l’OGC Nice ?

Je ne m’attendais pas à ce que ce soit facile pour créer un lien car le club sortait d’une longue période de stabilité. Il fallait impulser quelque chose de nouveau et faire en sorte de tourner la page. Je pensais que cela aurait été le plus gros challenge. Au final, ça n’a pas été ça.

Pouvez-vous en dire davantage ?

J’ai été surpris d’avoir été autant pollué par les histoires de rachat, pas rachat qui, au final, empêchent de donner plus de résonance à tout ce qu’on fait. C’est ça qui ‘’m’emmerde’’. Ma vision du foot, c’est les supporters au coeur du projet. On a préparé plein de choses sur le plan communicat­ion, marketing et commercial pour la campagne d’abonnement. Le film, par exemple, il est magnifique, mais il n’a pas assez d’écho compte tenu des relations avec les supporters qui sont ce qu’elles sont. Personnell­ement, c’est ce qui me déçoit le plus. C’est frustrant.

Vos rapports se sont tendus avec les supporters ?

Je n’ai pas de problème avec eux pour parler. Mais bien entendu que les relations entre le club et les supporters ne sont pas ce qu’elles devraient être.

Pensez-vous vivre ça en devenant président de Nice ?

Non, pas du tout.

Vous seriez venu ?

(Direct) Oui, car le projet et les atouts de Nice sont toujours les mêmes. Si c’était à refaire, je signerais sans hésiter. Je ne suis pas quelqu’un qui recule quand il y a deux, trois problèmes. Même dans cette situationl­à, je reste persuadé qu’on peut faire de belles choses.

Qu’avez-vous appris ?

(Il marque une pause) Plein de choses.

On ne gère pas de la même façon un club français ?

La caisse de résonance est plus forte ici. Médiatique­ment, c’est différent. Il y a eu beaucoup d’effervesce­nce autour du club, il y a eu une actualité bouillonna­nte.

Est-ce que vous avez le sentiment que ça vous échappe actuelleme­nt ?

Non, je ne sens pas que ça m’échappe. Je me fixe toujours un cap, j’avance. La position des actionnair­es n’a jamais varié. Si je comprends bien et qu’on me dit les choses, ils n’ont toujours pas reçu d’offre concrète.

Vos patrons sont-ils toujours aussi sûrs de rester ?

Dans le foot, personne n’est jamais sûr de ce qui va se passer trois mois plus tard.

Sur un plan personnel, êtes-vous moins convaincu par le projet de vos actionnair­es ?

Non, car si l’OGC Nice continue sur ce format actuel, je reste persuadé qu’on a les moyens de faire du très bon boulot. Je garde ma ligne de conduite. Après, j’ai un mandat de trois ans. Si je passe la moitié du temps à me poser des questions sur l’avenir, ça veut dire que je passe la moitié de mon temps à ne pas travailler. Ce n’est pas ma vision du foot. Je suis là pour faire le boulot. Il se passera ce qu’il se passera. Ce n’est pas moi qui suis décideur, c’est la vie. J’accepte les règles du jeu de ce milieu-là. Je ne vais pas m’en plaindre.

C’est la limite d’un président délégué ?

A Nice, il y a eu une très longue période de stabilité. Cela n’existe plus dans le foot. Tous les trois ans, les clubs changent de mains, de management. Il faut accepter ça.

La position de la mairie vous a-t-elle surpris ?

Non, c’est de la politique.

Vos patrons s’attendent-ils à recevoir une offre de rachat dans les prochains jours ?

S’il s’est dit et écrit tout ça et qu’au final ça fait pschit, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’offre, ça fera un peu désordre. Je serais très surpris s’il n’y avait pas d’offre.

Cela a-t-il des répercussi­ons sur la préparatio­n du prochain mercato ?

Cela ne met pas des bâtons dans les roues, mais on perd en sérénité dans le travail. Quand tu enchaînes les rendez-vous avec les agents et les joueurs dans le but de les convaincre de nous rejoindre, ça se joue à des détails. C’est de l’humain, du relationne­l, une confiance mutuelle. Mais quand tu passes trente minutes à expliquer que Patrick (Vieira) sera là, Gilles (Grimandi) également, moi aussi, tu perds en efficacité.

C’est une formation en accéléré ?

Non parce que j’ai été dans la merde de partout où je suis passé. A Lens, j’ai vécu des péripéties incroyable­s. A Barnsley, six mois après mon arrivée, le club est vendu. En fait, je suis un aimant à merde (rires). Mais bon, c’est aussi pour ça je suis aussi expériment­é à l’âge que j’ai ( ans). Je ne me plains jamais. L’encéphalog­ramme plat, très peu pour moi.

Etes-vous vexé par la tournure des événements ?

Non, non, mais quand on crache en l’air, ça te retombe toujours sur la gueule. Je ne me laisse pas polluer par tout le reste. Le seul truc qui me fait avancer, c’est le club. Mes frustratio­ns personnell­es, je dois les gérer.

Avez-vous été rassuré par Chien Lee ?

Il a toujours le même discours.

Et vous n’aimerez pas en savoir plus...

Oui, oui... Ma famille m’a rejoint, on est installé. J’aimerais bien savoir ce qui va se passer au prochain épisode.

Arrivez-vous à imaginer l’équipe de la saison prochaine ?

Oui, j’y arrive très bien. Mais la déception, c’est de ne pas pouvoir enclencher les choses et créer une dynamique avec les supporters. Quand tu vois le derby contre Monaco, l’ambiance était extraordin­aire. Ici, tu grattes une allumette et ça s’enflamme. Et des allumettes, j’en ai plein. On sera capable quoiqu’il arrive d’améliorer la situation.

Vos joueurs se posent également beaucoup de questions...

Oui, c’est compliqué. Les mecs veulent avoir une certaine visibilité. Ils entendent des choses, lisent. Du coup, ils peuvent retarder leur prise de décision. Ce n’est pas un climat serein. Mais on pourra garder ce qu’on veut garder.

S’il s’est dit tout ça et qu’au final ça fait pschit, ça fera désordre”

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(Photo François Vignola) Gauthier Ganaye aspire à plus de clarté dans les prochains jours.
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