Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Le personnage n’est pas passé inaperçu dans le village
À Seborga, les murs parlent français. Devant plusieurs maisons, on lit : « Direction générale de la sécurité intérieure » ; « Direction des affaires financières ». Curieux pour ce village italien de trois cents âmes, perché audessus de Bordighera. D’où viennent ces insignes ? Elles sont l’oeuvre d’un Français, Nicolas Mutte. Autoproclamé prince de Seborga en 2016, il vient d’être mise en examen par le tribunal de Lisieux pour escroquerie et production de fausse monnaie [lire ci-dessus]. Dans la principauté pourtant, peu l’ont vu en vrai.
« On l’ignore complètement. Il n’est personne ici »,
soupire Giorgio, à l’ombre du palais princier. C’est là que vit Marcello Ier, prince élu, lui, par le peuple. La mise en examen du Français n’étonne personne. Ici, Nicolas Mutte est désigné comme le truffatore, comprenez l’escroc, le filou. « Il prétendait être le descendant de Napoléon ! », s’exclame Gianluca. Dans une boutique de souvenirs, Maria Carmela, s’en amuse : «Il faut reconnaître, cet homme est très fort pour faire croire des choses fausses... »
Visite diplomatique au Togo !
Il faut revenir en arrière pour tout comprendre. En 2016, Nicolas Mutte se présente à Seborga, commune revendiquée principauté depuis les années 1960. Une revendication surtout folklorique, pour attirer les touristes. Le Français affirme vouloir y bâtir une maison de retraite, appuyé par des investisseurs suisses. Quelques mois après, il crée un site Internet où il s’autoproclame prince de Seborga. Son frère Martial devient chancelier. Blason, photo officielle, insignes: rien n’est laissé au hasard. Le stratagème marche jusqu’au Togo, où il est reçu par le président pour une visite « diplomatique ». Dans les ruelles, sur la place centrale ou au café, les habitants de Seborga relativisent. « Cela nous a plus amusé qu’autre chose », sourit un local devant ses pâtes. Mis en examen, Nicolas Mutte devrait désormais se tenir éloigné de la principauté.