Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Studios de La Victorine : la renaissance annoncée
Éric Garandeau, missionné par la Ville pour réfléchir au développement de ce site mythique du cinéma, a présenté son projet en conseil municipal. Une ambition qui reste à financer
Renaissance des studios de La Victorine, action ! Éric Garandeau, l’ancien président du Centre national du cinéma et de l’image animée, chargé depuis avril 2018 par Christian Estrosi d’imaginer un avenir aux mythiques studios, a rendu son rapport, lundi, en conseil municipal. Une certitude pour cet expert : le petit Hollywood niçois n’est pas mort. Depuis la fin des années soixantedix, La Victorine, où furent tournés quelques-uns des chefs-d’oeuvre du cinéma français (Mare nostrum, Les Enfants du Paradis, Fanfan la Tulipe, Jeux interdits ou encore La Nuit américaine de François Truffaut), s’est endormie chaque année un peu plus, jusqu’à la reprise en régie des studios par la Ville, fin 2017. Mais elle peut retrouver le haut de l’affiche.
Pourquoi ?
Le lieu, d’abord, avance Éric Garandeau, est « absolument extraordinaire ». Historiquement. Et de par son emplacement, «aucoeur de la région Sud recherchée pour son ensoleillement et la diversité de ses paysages. » La Victorine, poursuit-il, est à côté d’un aéroport international. Autant d’atouts, qui dans un contexte de « révolution numérique (effets visuels généralisés, réalité virtuelle, augmentée, etc.), d’explosion des séries (Netflix, Youtube, Disney, StudioCanal, etc.) et d’aides publiques en hausse (crédits d’impôts et aides régionales) » rendent « très pertinent de relancer les activités des studios ».
Cela tournera-t-il ?
Faire de La Victorine le premier studio de France et la hisser au rang des grands sites européens ? C’est possible, c’est même l’objectif, affirme Éric Garandeau. Qui rappelle que Netflix a investi plus de 7 milliards d’euros en Europe en 2018 et que Youtube a mis au pot des centaines de millions dans son premier long-métrage. Pour remporter la palme et la manne, « il faut faire des alliances. Plusieurs options sont imaginables : avec les studios de Martigues [Bouches-duRhône], avec ceux de Rome (Cinecittà) ou encore avec Malte. »
À quoi ressemblera La Victorine demain ?
Aujourd’hui, La Victorine, ce sont, autour de la villa Rex Ingram (le coeur et le siège des studios), « neuf plateaux, 6 500 m2 couverts et en bon état, une menuiserie, un restaurant, des bureaux. » Ce qu’il manque, indique Garandeau, « c’est un grand plateau de 3 000 m2, la taille exigée actuellement ». « Nous avons la place pour le faire, ainsi que pour construire un grand parking. » Selon le projet, l’ancienne menuiserie sera transformée en « espace ouvert au public incluant restaurant, lounge, coworking et plateaux témoins pour permettre aux Niçois de se réapproprier les studios. » Une nouvelle menuiserie sera créée ainsi qu’une école des métiers et un cluster d’entreprises. Soit 25 000 m2 de construction neuve tandis que l’existant (7 700 m2) sera réhabilité.
Avec quels financements ?
« L’investissement est évalué en fourchette haute à 45 millions d’euros par le cabinet Ernst and Young, précise Christian Estrosi. L’équilibre financier repose sur l’économie d’ensemble générée par les studios et les services complémentaires, les bureaux d’entreprises. » Il faut donc aller chercher des fonds, « convaincre des investisseurs privés en même temps que les partenaires traditionnels : État, Caisse des dépôts, Région, etc. » Pour se donner toutes les chances, le conseil municipal a décidé, lundi, à l’unanimité de lancer une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO). C’est-àdire des professionnels qui aideront la Ville à « ajuster les chiffres du plan d’affaires et du programme architectural. » Parallèlement, ils « lanceront une démarche de sourcing des entreprises du cinéma, des grandes plateformes de type Netflix et d’autres financeurs potentiels du projet. »
Quand ?
« Les services municipaux travaillent avec l’AMO sur l’hypothèse (d’une amorce) des travaux dès 2020 », espère le maire. Un chantier par phases pour lisser les coûts et ne pas interrompre l’activité, complète Éric Garandeau pour qui, la priorité n°1 est la construction du plateau de 3 000 m2.