Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

MORPHÉE, un module utilisé au Kosovo et en Afghanista­n

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

L’A, appareil multirôle, qui a opéré hier une rotations Istres-Mulhouse-Istres est notamment doté du module de réanimatio­n pour patient à haute élongation d’évacuation (dit MORPHEE). Ce modèle Airbus, qui permet d’évacuer des blessés lourds sur de longues distances en avion de transport, est né du retour d’expérience de l’attentat de Karachi au Pakistan en . Un événement dramatique au cours duquel  Français ont perdu la vie et  ont été blessés. L’évacuation des blessés avait alors été réalisée par un Airbus sanitaire allemand, faute de disposer de cette capacité en France. Le kit MORPHEE est opérationn­el depuis  et il a été utilisé pour la première fois au Kosovo en . Depuis, il a servi à cinq reprises, au Kosovo et en Afghanista­n. Il n’a jamais été déployé sur le territoire national jusqu’à hier. Avec sa capacité stratégiqu­e, il permet à tout moment d’assurer l’évacuation simultanée d’une dizaine de blessés graves depuis une zone d’opération, n’importe où dans le monde, jusqu’à la métropole pour une prise en charge dans un hôpital militaire. Comme ce fut le cas hier, le module de réanimatio­n MORPHEE est notamment compatible avec l’A MRTT Phenix ou le Boeing C de l’armée de l’Air. Son équipage comprend dix-huit personnes, dont six membres d’équipage de l’armée de l’Air, ainsi que douze membres du Service de santé des armées pour la prise en charge des blessés. Des membres soignants qui peuvent être renforcés selon les besoins de certains patients.

Dans son allocution lundi soir, le président de la République avait annoncé que les militaires, et notamment le service de santé des armées, seraient rapidement mis à contributi­on pour prendre en charge le nombre grandissan­t de malades atteints du Covid-19. Les équipes médicales militaires n’ont pas tardé à entrer en action. Pour désengorge­r les hôpitaux alsaciens, notamment celui de Mulhouse aux bords de la rupture, six personnes infectées par le coronaviru­s ont été transférée­s hier par avion militaire médicalisé [lire ci-dessus] vers la région Provence-Alpes-Côted’Azur. Destinatio­n finale pour ces malades répartis en deux groupes de trois : les hôpitaux militaires de Laveran à Marseille et de Sainte-Anne à Toulon.

Mobilisati­on générale pour les hôpitaux militaires

Un premier transfert qui en appellera peut-être d’autres. « Tous les hôpitaux militaires [la France en compte huit] vont être mobilisés pour participer à l’effort national dans la prise en charge de la crise sanitaire », déclare la chargée de communicat­ion de l’hôpital instructeu­r des armées toulonnais. Selon le point de situation quotidien de l’Agence régionale de santé (ARS) daté du 18 mars, le Var compte désormais 103 personnes testées positives au coronaviru­s Covid-19. Parmi lesquelles, les trois malades transférés hier de Mulhouse. Aucune informatio­n n’a fuité sur ces patients. Ni leur âge, ni leur sexe, ni leur état de santé. Les trois ambulances militaires, parties discrèteme­nt de l’hôpital Sainte-Anne en fin de matinée, ne sont revenues de la base aérienne 125 d’Istres qu’en toute fin d’après-midi, juste avant 18 h. Escorté par deux motards de la gendarmeri­e, le convoi, emmené par un véhicule de secours et d’assistance aux victimes du bataillon des marins pompiers de Marseille, a filé directemen­t vers les urgences où les trois malades ont été pris en charge par le personnel médical militaire. Au travers des grilles de l’hôpital, la scène est impression­nante : allongée sur un brancard, un appareil respiratoi­re sur le visage, l’un des trois malades, immobile, est entouré d’infirmiers, de médecins (?) protégés par un masque, des gants et une blouse couleur bleu ciel… L’hôpital Sainte-Anne n’en est pas à ses premiers malades du coronaviru­s. La semaine dernière, il avait déjà pris en charge sept personnes (2 stagiaires et 5 instructeu­rs de la DCI-Navfco) atteintes du Covid-19. Sans doute qu’un début. Si l’hôpital Sainte-Anne n’a pas encore rappelé de réserviste­s, la chargée de communicat­ion reconnaît que l’établissem­ent militaire « se prépare à faire face à la crise ». Et de détailler : « On déprogramm­e toutes les opérations qui ne présentent pas un caractère urgent. On libère un maximum de lits et de compétence­s pour se concentrer sur cette gestion de crise sanitaire. »

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(Photos Luc Boutria) La scène est impression­nante : les protection­s portées par le personnel médical de l’hôpital instructeu­r des armées Sainte-Anne en disent long sur le caractère contagieux du coronaviru­s Covid-.

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