Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Nice : trop de monde sur la Prom’, les PV tombent
Le confinement n’est pas encore assimilé par les joggeurs, promeneurs, amateurs de grand air et de Grande Bleue qui sillonnaient la promenade des Anglais hier. La police commence à sévir
Par endroits, la ville de Nice a des allures de ville fantôme. Contraste saisissant avec la Promenade des Anglais, mercredi matin. A 10 h 30, au monument du Centenaire, la commissaire Corinne Aury déploie des patrouilles sur l’artère mythique. Cela grouille en cette matinée presque estivale : cyclistes, promeneurs, joggeurs, touristes... L’appel du grand air semble plus fort que les règles de confinement. En regardant son téléphone, la commissaire constate que l’amende est portée à 135 euros au lieu de 38 : «Je pense que c’est une hausse dissuasive. » « Trop de monde », constate à ses côtés un commandant agacé. Il stoppe deux hommes, touristes qui font mine de ne pas comprendre. « Vous êtes trop loin de votre hôtel. Rentrez », intime l’officier sur un ton autoritaire. Un badaud sur la plage est appelé par un brigadier : «Je suis traité par chimio. J’ai besoin de respirer », explique le promeneur. Le policier examine le certificat médical et lui souhaite bon courage tout en lui demandant de rester près de son domicile. Contrôles fixes et mobiles Amine, autre amateur de bain de soleil, s’énerve, continue sa séance d’abdominaux. Il se présente comme boxeur, hurle, provoque : « Vous avez l’air très méchante, Mettez moi une amende ! » La jeune policière garde son calme. L’individu finit par se radoucir après un dialogue avec l’un de ses collègues. Le sportif n’échappera pas à l’amende. Rien ne justifie qu’il soit si loin de son domicile. Il peste devant les caméras de France 2 : « On n’a déjà plus de travail. Je n’ai pas les mots. Je sors, J’habite juste à côté c’est inadmissible. » Un passant, torse nu, est prié à la fois d’enfiler un teeshirt et de rester dans le secteur Gambetta où il demeure. « Je prends de la vitamine D », répond-il sur un ton bravache. Il exige du gel hydroalcoolique avant de saisir le stylo pour signer son amende. L’officier lui en fournit.
« On n’embête personne ! »
Souvent promptes à sortir une attestation de déplacement remplie en bonne et due forme, les personnes contrôlées ont en revanche oublié que la pratique du sport n’était tolérée qu’à proximité de leur domicile. Deux quadragénaires qui courent ensemble (ce qui est interdit), toutes deux parties du Parc Impérial, se rebellent, ne comprennent pas : « On n’embête personne ! » Faudra-t-il les contraindre à effectuer un stage de citoyenneté dans un service de réanimation débordé ? Une contravention de 135 euros leur est infligée. Une cinquantaine d’autres contrevenants seront sanctionnés dans la matinée. « Nous faisons comprendre à nos concitoyens qu’il est de leur responsabilité de rester chez eux, de limiter au maximum leurs déplacements,, souligne la commissaire Aury. Nous avons à la fois des patrouilles mobiles et des points de contrôle fixes, de jour comme de nuit. »
L’accès au bord de mer menacé
Le premier constat laisse apparaître que les automobilistes respectent plutôt les nouvelles règles de déplacement. Davantage que les piétons. Véronique, une habitante de la rue Massenet, toute proche, promène son bichon. Elle avance une explication : « Il faudrait être plus clair, donner une distance. Par exemple ne pas s’éloigner de plus de 500 m de son domicile. Là c’est trop flou. » Les hôteliers sont-ils également assez explicites avec leurs clients ? « Il faut absolument que les gens comprennent qu’ils ne doivent sortir que dans un périmètre restreint », martèle le commandant chargé de la communication, qui confie en aparté : « Avec de tels comportements, on n’a pas encore gagné la guerre ! » Hier soir, le préfet s’est montré menaçant. Si la situation perdure, l’accès au bord de mer sera interdit.