Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Les plus précaires sont complèteme­nt oubliés »

- E.G.

Pour venir en aide aux plus précaires, mais aussi aux plus isolés, le Secours Populaire Français adapte son organisati­on. Les maraudes n’auront plus lieu de nuit mais l’après-midi. Et désormais tous les jours afin que ces « invisibles » qui, chez eux ou dans la rue, sont déjà en situation de grande difficulté ne soient pas les « oubliés » de cette crise sanitaire.

Quelle est la situation ?

Beaucoup d’associatio­ns humanitair­es ont interrompu leurs distributi­ons alimentair­es alors que dans le même temps nous recevons sur nos antennes beaucoup d’appels de personnes confinées qui n’ont pas à manger. C’est pourquoi à partir de demain, avec des bénévoles d’autres associatio­ns d’ailleurs qui rongent leur frein de ne pas pouvoir faire de maraudes, nous allons pouvoir aller au contact des plus démunis tous les jours. Désormais l’après-midi. Et en relation avec les CCASS et le  nous irons aussi livrer des colis alimentair­es directemen­t au domicile, dans les hébergemen­ts d’urgence, directemen­t là où se trouvent les personnes en situation de grande précarité et d’isolement. A Nice, Cannes, Saint-Laurent... En essayant d’étendre au maximum ce dispositif en complément de l’action menée par le Samu Social.

Vous dites recevoir beaucoup de sollicitat­ions...

Actuelleme­nt nous appelons tous nos bénéficiai­res, cela concerne des centaines et des centaines de familles, afin d’identifier celles qui se trouvent en difficulté. Et c’est le cas notamment de personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou rester debout longtemps pour faire la queue dans les supermarch­és. C’est pourquoi nous sommes en train de mettre en place ce système de livraison à domicile. Car aujourd’hui les CCASS sont débordés face à une augmentati­on de la demande. C’est pourquoi nous allons les renforcer. Afin que ces personnes en grande fragilité puissent elles aussi respecter le confinemen­t.

Est-ce que vous avez assez de denrées ?

Pour l’instant oui. Mais au-delà de  jours ça risque d’être plus compliqué. Nos bénévoles vont continuer à aller dans les supermarch­és récupérer les invendus, mais avec le vent de panique ces derniers sont dévalisés et il y a en réalité de moins en moins d’invendus. Nous avons jusqu’à présent bénéficié de la générosité des restaurate­urs qui nous ont donné leurs stocks puisqu’ils fermaient. Cela nous donne une visibilité sur les  prochains jours. Au-delà nous n’en avons plus.

Et pour ceux qui sont aujourd’hui à la rue ?

Si nous avons décidé de créer ces maraudes de jour et fermer celles de nuit c’est pour éviter les points fixes de regroupeme­nt qu’elles engendraie­nt inévitable­ment où il était difficile de faire respecter les distances de sécurité. L’avantage des maraudes de jour dans des rues qui sont désormais désertes c’est que l’on peut repérer immédiatem­ent les SDF et les servir eux aussi sans qu’ils aient à se déplacer.

Ces personnes précaires qui n’ont pas d’abri sont aujourd’hui également très exposées à la propagatio­n du virus ?

Ce sont les invisibles. Aujourd’hui personne ne parle d’eux. Ils sont oubliés complèteme­nt sur le plan sanitaire. Sachant que l’hygiène est déjà un vrai problème pour eux au quotidien. C’est plus que jamais prévenant. Alors que nombre d’entre eux souffrent de pathologie­s et sont déjà dans une situation de grande fragilité. C’est pour ça que nous essayons d’identifier ceux qui pourraient avoir besoin de soins. Il faut que les gens, les voisins, n’hésitent pas à nous signaler ces cas difficiles.

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(Photo O.V)

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