Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Partie de Mandelieu, prise au piège au Vietnam

Martine, responsabl­e de la vidéosurve­illance à la police municipale de Mandelieu, est bloquée au Vietnam. Elle cherche désespérém­ent à rentrer, entourée d’une cinquantai­ne d’autres Français

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Sur une vidéo tournée au smartphone par un touriste et partagée sur Facebook, on voit un groupe d’une cinquantai­ne de Français, en attente d’un hypothétiq­ue vol retour à l’aéroport d’Ho Chi Minh et criant, en souriant : «Macron, un avion ! » Vingt-quatre heures après la diffusion de cette brève séquence, le ton est nettement moins enjoué. Personne n’a dormi. Ces ressortiss­ants, qui ne s’étaient jamais rencontrés, restent soudés, mais sont de plus en plus inquiets. Parmi eux, Martine, 59 ans, responsabl­e de la vidéosurve­illance à la police municipale de Mandelieu. Elle s’est envolée le 5 mars dernier. Et sait que, sur les réseaux sociaux, le sort de celles et ceux qui ont pris le parti de maintenir leur voyage suscite assez peu de compassion. « Il y a toujours des gens pour juger. On va me dire que j’aurais dû renoncer.

Martine, au premier plan, cherche un moyen de rentrer, bloquée à Ho Chi Minh sans solution à ce jour.

» Consciente d’être prise dans la nasse, elle rétorque que ce séjour était programmé de longue date. « Je vis seule avec mon fils handicapé de 35 ans, qui se trouve actuelleme­nt chez ma fille. Un voyage par an, c’est le seul plaisir que je m’accorde. Et au début de ce mois, l’épidémie paraissait éradiquée au Vietnam. » Seulement voilà. Deux ou trois jours après son départ, un Européen aurait réintrodui­t le Covid-19 dans ce pays.

Persona non grata

« Les autorités sanitaires locales ont parfaiteme­nt fait leur travail en essayant de retrouver tous les passagers (DR) de l’avion afin de les tester. » Rien n’y a fait. La cloison étanche fracturée, le coronaviru­s a recommencé à se propager. Très vite, le piège s’est refermé sur les étrangers. « Les sites ne sont plus accessible­s, mais ce n’est pas grave, et la plupart des hôtels et restaurant­s ont baissé le rideau. Nous ne sommes plus les bienvenus. Je me sens persona non grata .La population nous regarde de travers. Quand on dit que nous sommes français, nous sommes rejetés. » Martine comprend ces réactions hostiles. « Ici, les gens vivent tous en famille. Les génération­s se mélangent. Et leur système de soins n’est pas le nôtre. Aujourd’hui, ils ont très peur de nous. On ne peut pas les blâmer. »

Comme abandonnés

Martine ne réclame aucune mesure de faveur. Seulement l’affrètemen­t d’un vol retour qui permette, à elle comme aux autres ressortiss­ants français, de se rapatrier en urgence. Ce mardi matin, le consulat aurait répondu qu’il appartient à chacun de réserver par ses propres moyens sur un vol commercial. « Je devais rentrer sur Turkish Airlines le 29, c’est annulé. J’ai acheté pour 600 euros un billet sur Vietnam Airlines, la compagnie a déprogramm­é. Quelques places ont été disponible­s sur Air France, mais à 2000 euros. Lundi, quelquesun­s ont fait le choix d’embarquer pour l’Allemagne. Sans savoir le sort qui leur serait réservé, la frontière étant fermée. » Martine, qui rêvait de découvrir ce pays et notamment de visiter la baie d’Halong, a remballé ses espoirs. Elle attend, au bord du découragem­ent. «Onnesait pas quoi faire. » Au moins at-elle échappé au confinemen­t : « C’est le cas pour tous les touristes qui séjournent au Vietnam depuis moins de quatorze jours. » Martine n’a qu’une idée en tête : retrouver Mandelieu. « Nous n’avons plus notre place ici. Nous demandons juste que les pouvoirs publics contactent Vietnam Airlines et négocient pour qu’un vol soit autorisé à se poser sur le sol français. »

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