Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Mais qui était donc Denis Séméria ?

Zoom sur ce personnage qui possède une rue à son nom à età

- DIDIER GAYRAUD

Pendant la campagne des élections municipale­s, le maire JeanFranço­is Dieterich a installé sa permanence électorale au 2 de l’avenue Denis-Séméria. Mais qui était ce personnage qui possède aussi une rue à son nom à Nice ? Né à Saint-Jean-Cap-Ferrat en 1834, Denis est le fils d’Antoine Séméria, un officier de marine qui possède plusieurs propriétés dans ce qui est encore un hameau de Villefranc­he.

De bonnes affaires dans le parfum

Agent au service maritime, Denis Séméria s’installe bientôt à Nice où il se marie en l’église Saint-Roch en 1860 avec Pauline Rimmel, de laquelle il divorcera vingt-six ans plus tard. Puis, il se lance dans les affaires en ouvrant une distilleri­e de parfum, pommades et huiles parfumées à base de jasmin et de géranium. Ses produits se vendent très vite dans le monde entier et lui valent d’être récompensé par la médaille d’argent au concours régional de Nice de 1865 puis à l’Exposition universell­e de Paris en 1867. Parallèlem­ent à son activité de fabricant de parfums, Séméria est nommé directeur de la Caisse d’Epargne de Nice, avant d’être élu en 1870 conseiller municipal puis adjoint au maire à Nice.

En cette année terrible marquée par la défaite de Sedan et la perte de l’Alsace-Lorraine, Denis Séméria propose d’accorder le titre de citoyen niçois à tous les Alsaciens-Lorrains qui souhaitent s’installer à Nice.

Des projets un peu fous

Nommé membre de la Chambre de commerce des Alpes-Maritimes en 1896, il fomente plusieurs projets un peu fous, comme l’agrandisse­ment du port de Nice sur le modèle de celui de Marseille, ou encore le détourneme­nt du cours du Paillon à partir de La Trinité-Victor pour, à l’aide de tunnels, le faire sortir à la mer à Èze afin d’éviter tous risque de débordemen­t de la rivière à Nice. Propriétai­re de biens immobilier­s à Saint-Laurent-du-Var, Bellet, Roquebilli­ère et de cinq immeubles avenue de la Gare, rue de la Paix et boulevard Gambetta à Nice, Séméria devient, en 1896, président du Syndicat des propriétai­res. Le jour des Rois, il prend l’initiative de tirer au sort parmi les vingt-huit locataires de l’un de ses immeubles, deux personnes qui remportent chacune un semestre de loyer gratuit. D’un caractère bien trempé, Denis Séméria ne s’en laisse pas conter. Peu satisfait de la qualité des eaux à Nice, il

Photo de presse de Denis Séméria en .

intente personnell­ement et à ses frais un procès à la Compagnie des eaux.

À Saint-Jean où il possède les villas Antoinette, Thérèse et Saint-Denis, il prend la défense des pêcheurs, lorsqu’une puissante société de pêche disposant d’imposants bateaux à vapeur, tente de s’implanter pour exploiter les eaux saint-jeannoises et des alentours. Il proteste auprès du ministère de la Marine et parvient à faire échouer le projet.

Un don aux pauvres de Saint-Jean

À sa mort, à La Bourboule, en 1911, Denis Séméria, qui n’a jamais eu d’enfants, fait don d’une partie de ses biens à son neveu et de cinq immeubles à l’administra­tion des oeuvres de bienfaisan­ce de la ville de Nice, soit, à l’hôpital Saint-Roch, aux Petites soeurs des pauvres, à l’asile de nuit, à la « Bouchée de pain », ainsi qu’aux pauvres de SaintJean-Cap-Ferrat. Ce dernier don amène un rédacteur du journal Le cri du Midi à publier, en 1913, dans ses colonnes l’article suivant : « Le conseil municipal de Saint-Jean-Cap-Ferrat se trouve dans une situation bizarre autant qu’étrange ; un généreux donateur a légué à la commune par testament une rente viagère de 25 000 francs en ayant bien soin de stipuler que cette rente servirait à soulager les pauvres de la commune. Or, Saint-Jean ne possède pas cet article et ses braves conseiller­s sont au désespoir. Attendons-nous à lire prochainem­ent à la quatrième page des grands quotidiens une annonce ainsi conçue : “on demande plusieurs pauvres, situation d’avenir dans élégante station hivernale. Références exigées. S’adresser mairie de Saint-Jean” ». En 1919, le Conseil municipal décidera d’attribuer le nom de Denis Séméria à la plus longue et à la plus importante artère de la commune.

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(Repro D. G.)

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