Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les plages interdites d’accès
Selon Emmanuel Macron, le confinement historique auquel la France est soumise devrait « vraisemblablement » durer au-delà de deux semaines, alors que le Parlement a repris ses travaux en vue d’un vote pour placer le pays en « état d’urgence sanitaire »
Les Français semblent avoir du mal à prendre conscience de la réalité. En visite, hier, à l’Institut Pasteur, Emmanuel Macron a regretté qu’ils prennent « à la légère » les consignes et continuent de traîner sur les plages et en forêt, profitant du beau temps. Le Président a ouvert la voie à un prolongement du confinement. « Est-ce qu’il faudra prolonger ? Vraisemblablement », a-t-il déclaré Devant les chercheurs, il a annoncé une rallonge de 5 milliards d’euros sur 10 ans pour la recherche (lire ci-contre). Au troisième jour du confinement, ordonné pour «au moins 15 jours », les préfets ont haussé le ton et fermé les plages de tout l’arc méditerranéen, de la Corse et de nombreux départements de la façade atlantique. Dans un communiqué au président, l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) a appelé les autorités à « cesser les demi-mesures et les discours équivoques » et réclamé un « confinement total et absolu de l’ensemble de la population ».
« Entre deux et quatre semaines »
« Moins le confinement sera strictement appliqué, plus les réanimations seront saturées, plus nous devrons faire des choix » expliquentils, alors que le nombre de cas graves augmente fortement. Pour la directrice générale de l’agence sanitaire Santé publique France, Geneviève Chêne, la prolongation du confinement « sera très vraisemblablement nécessaire » et il faudra attendre « entre 2 et 4 semaines » pour en observer les effets sur la dynamique de l’épidémie. Même s’il est selon elle « trop tôt aujourd’hui pour pouvoir affirmer quoi que ce soit sur la dynamique de l’épidémie en France », l’exemple de la Chine laisse penser que l’inversion de la courbe interviendrait « autour de mi-mai/fin mai », a-t-elle indiqué sur Franceinfo.
décès, de plus en heures
Les hôpitaux accueillent désormais 4 761 patients dont plus de mille sont en réanimation. 1 122 sont dans un état grave, a déclaré, hier soir, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon en annonçant un total de 10 995 cas avérés, et 372 décès (108 supplémentaires en 24 h). « Je suis relativement favorable à ce que des mesures d’exception soient prises, ça ne va pas durer 3 ans, ça va durer quelques semaines mais il faut tenir », a renchéri sur RFI Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Avicenne de Bobigny (93), où le président s’est rendu la veille. « Il ne faut pas se rassurer trop vite : il faut savoir que le coronavirus induit une immunité qui est relativement partielle avec des possibilités de récurrence plusieurs mois plus tard et donc de nouvelles vagues de Covid19» , a-t-il prévenu. Le gouvernement a reconnu des « difficultés logistiques » dans la fourniture de masques, alloués « en priorité aux soignants », qui s’alarment pourtant de leur dénuement. La ministre Florence Parly a annoncé que 5 millions de masques chirurgicaux des Armées avaient été mis à disposition du ministère de la Santé. 25 millions de masques sont en cours de livraison aux pharmacies et établissements de soins. Des masques et protection que réclament d’autres professions, obligées de continuer à travailler hors de leur domicile comme les policiers, les livreurs, les éboueurs ou les professionnels du bâtiment. Le président Emmanuel Macron a exhorté les entreprises à faire preuve de « responsabilité civique » et appelé les salariés à poursuivre leur activité « dans le respect des règles de sécurité sanitaire », tandis que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a rappelé que la poursuite de l’activité économique était nécessaire « pour que la nation puisse continuer à fonctionner ».
Amazon montré du doigt
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a jugé de son côté « inacceptables » les pressions qu’exerce le géant de la distribution par internet Amazon sur ses salariés, qui ne sont pas payés s’ils exercent leur droit de retrait pour des raisons sanitaires. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a pour sa part affirmé jeudi que les policiers «ne sont pas en risque » face au Covid19 tout en reconnaissant des « dysfonctionnements », alors que des syndicats appellent au droit de retrait pour obtenir des masques de protection. Parallèlement, une procédure d’arrêt de travail simplifiée pour les personnes considérées comme « à risque » (pathologies cardiaques ou respiratoires, femmes enceintes) a été mise en place, des mesures de soutien ont été annoncées pour les étudiants et une période de sursis accordée aux intermittents du spectacle.