Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Quand on a eu nos billets retour pour Nice, on a eu les larmes aux yeux »

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

L’avion était attendu hier vers 23 h 30, avec près de deux heures de retard. Mais ce contretemp­s apparaîtra sans doute bien secondaire aux passagers du vol easyJet EJU9690, reliant Marrakech à Nice. Tant la priorité est au soulagemen­t. Depuis dimanche, l’aéroport de Nice Côte d’Azur, réduit à son seul terminal 2, accueille les avions qui ramènent à la maison les ressortiss­ants français et européens. Surpris par l’explosion de la pandémie de coronaviru­s en plein voyage, ils n’avaient plus qu’une chose en tête : rentrer au plus vite, alors que l’étau se resserrait. Sandrine, Marjorie et Aurélie y sont parvenues dimanche. La veille, ces trois amies azuréennes racontaien­t à NiceMatin leur course contre la montre pour quitter Marrakech. L’alerte sanitaire y a rattrapé leur trek à peine entamé. « Nous avons trouvé un vol pour Nice. Nous avons totalement eu de la chance ! », témoigne Aurélie, 34 ans, de Pégomas. Samedi, elle apprend avec ses amies grassoises que des vols seront bientôt disponible­s. Toute la nuit, elles tentent de décrocher un vol sur le web. Lyon, Nantes, Paris : chacune sa mission. « Mais on nous a dit que le seul moyen était de venir à l’aéroport. » Elles y accourent dimanche dès 7 h. Avec des centaines de naufragés.

« À Marrakech, totale désorganis­ation »

« Ils ouvraient des vols un par un. On a fait la queue. Il y avait beaucoup de monde au comptoir d’easyJet. On était les uns sur les autres. » Les mesures de protection ? Aurélie est catégoriqu­e : «Iln’y en avait aucune. Je pense que le Maroc était très content de nous voir partir ! » Les trois amies repèrent des vols affichés sur les panneaux. Mais au téléphone, on leur assure « que ces vols n’existaient pas. Il y avait une totale désorganis­ation » .Aurélie repère alors une passagère qui enregistre son bagage. Elle lui emboîte le pas. Une cohorte de voyageurs l’imite. « Ils ont réussi à remplir l’avion au maximum ». Dimanche en début d’aprèsmidi, atterrissa­ge à Nice. Là encore, surprise. « À l’arrivée, il n’y avait personne pour nous contrôler ou nous prendre la températur­e. L’aéroport était désert. Je pensais pourtant qu’on nous mettrait peutêtre en quatorzain­e. » Le contraste avec le début du confinemen­t sera violent. Aurélie « ne s’attendait pas à des mesures aussi draconienn­es du jour au lendemain. » Elle ne s’attendait pas, non plus, au déluge de commentair­es acerbes à notre précédent article sur Facebook. « Toutes ces insultes m’ont vidé le moral, soupire Aurélie. Qui ne s’est pas retrouvé dans une situation imprévue ? Nul n’est parfait ! On voulait juste faire savoir qu’il y avait des gens coincés à l’étranger. Pas se faire plaindre. » Ces jours-ci, ce sont plutôt les applaudiss­ements du soir qui résonneron­t aux oreilles d’Aurélie. Infirmière aux urgences de Cannes, elle se prépare à la guerre contre le Covid-19. « J’ai appelé aussitôt en rentrant. Ils m’ont dit de garder des jours, pour que tout le monde ne s’essouffle pas. Je reprends dimanche. Je me suis préparée psychologi­quement. Je pense qu’il va y avoir le pic la semaine prochaine. »

« Rentrer en Europe, n’importe où »

Nathalie, 40 ans, était dans le même avion, à l’aller comme au retour. Elle aussi travaille dans un hôpital, dans l’arrière-pays azuréen. Sa bande de cinq amies a donc regagné la Côte d’Azur. « Quand on a eu nos cartes d’embarqueme­nt, on en avait les larmes aux yeux. J’en pleure encore, s’exclame Nathalie. Nos enfants étaient restés en France. Et les conditions sanitaires n’étaient pas les mêmes au Maroc. On voulait rentrer en Europe. N’importe où. » à son arrivée, Nathalie a repris ses fonctions administra­tives à l’hôpital. Et appris à vivre à l’heure de ce confinemen­t que tous ne respectent pas. « C’est glaçant. Si chacun n’y met pas du sien, ça va durer très longtemps. On n’a pas le choix, il faut le faire. » Au total, easyJet avait affrété 32 vols pour ramener 6 000 ressortiss­ants du Maroc. Les vols de rapatrieme­nt devaient s’achever hier soir, avant une poursuite du trafic dans la mesure du possible. De son côté, Air France annonce avoir opéré avec Transavia plus de 100 vols retour depuis le Maroc.

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(Photo Twitter) Image terrible que ce convoi militaire emportant les cercueils de centaines de morts que les services funèbres n’arrivent plus à gérer.
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(DR) Le soulagemen­t de Nathalie et sa bande d’amies au départ du Maroc.

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