Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Au-dessus de Nice
Cannes : le maire hausse le ton
Plus personne sur le sable de GolfeJuan. La mesure est radicale et s’est traduite par un arrêté municipal, daté du 17 mars, soit dès le lendemain des annonces du président de la République, et publié sur le site de la Ville le 18 décembre. Avant, donc, l’arrêté préfectoral qui concerne désormais tout le littoral. Les plages du Midi, à l’est de la petite station balnéaire, et celle du Soleil, à la limite avec Cannes sont interdites d’accès. Pour le maire, qui a utilisé ses pouvoirs de police en matière de baignade et d’activités nautiques, il s’agit avant tout de proscrire et de prévenir les rassemblements en contradiction avec l’obligation de confinement. Une obligation que trop de personnes bravent encore, souvent par ignorance des risques. Et la tentation est grande de « prendre l’air » en bord de mer et de s’installer sur le sable chaud. C’est ce qui a été constaté et a motivé cet arrêté. D’ailleurs, hier encore, on bronzait en maillot de bain, plage du Soleil, et certains, à Juan-les-Pins n’hésitaient pas à faire trempette. À Golfe-Juan, l’arrêté municipal s’adresse également aux exploitants des établissements balnéaires implantés sur les deux plages. Avec l’arrivée du printemps, les plagistes privés saisonniers auraient dû commencer à installer leurs équipements, démontables comme le prévoit le décret Plage. Reste maintenant à faire respecter cette interdiction au public. Des barrières et des rubalises ont été installées condamnant les accès et, surtout, des policiers municipaux et des CRS sont déployés, notamment pour ces derniers au niveau du Théâtre de la Mer, Mais, le message peine à passer. À l’exemple, tristement édifiant, de cette mère de famille qui, malgré les appels de son conjoint, a préféré rester, en maillot de bain, plage du Soleil, en fin de matinée… À Antibes-Juan-les-Pins, le maire Jean Leonetti a pris un arrêté complémentaire, dans la foulée de celui du préfet, pour interdire l’accès aux plages situées sur le domaine communal, soit les plages dites naturelles, au niveau de la pinède de Juanles-Pins et de la Garoupe, au cap d’Antibes. D’ailleurs, le sentier du littoral ou « chemin de Tire-Poil », très apprécié des promeneurs est lui aussi fermé, comme c’est le cas lors des coups de mer. « J’ai également demandé à la sous-préfète de Grasse de rappeler que les dérogations prévues pour les déplacements brefs ou liées à l’activité physique sont autorisées dans le périmètre de chaque commune où la personne réside », précise le maire. Tout en comprenant que les personnes qui sont confinées et n’ont pas la chance d’avoir un jardin souhaitent « prendre l’air », Jean Leonetti lance un appel au civisme et à la responsabilité de chacun. « Cela doit se faire pour une durée brève, sans regroupement, et non loin de son domicile. »
L’interdiction préfectorale a été reprise à Cannes par un arrêté municipal pris dans la foulée par le maire David Lisnard. Objectif : bloquer l’accès aux rivages cannois. En fin de matinée, des kilomètres de rubalises ont ainsi été déployés par les services municipaux. À 13 h 30, les plages publiques de la Croisette, Gazagnaire et du boulevard du Midi étaient officiellement interdites à la population. Avec des scènes surréalistes. Comme ce couple de retraités qui enjambait le muret boulevard du Midi à la barbe des policiers alors que le périmètre était en cours de sécurisation.
PV par la PM
Spectacle inédit et déroutant que cet eldorado balnéaire désormais inaccessible à tous. Une nécessité. Tous les Cannois ne jouent pas le jeu. La police municipale a dressé 68 PV hier. Alors, David Lisnard hausse le ton et demande officiellement au Ministère de l’Intérieur le renforcement immédiat des mesures de confinement et de contrôle. « Des PV sont déjà dressés, mais il faut frapper fort, jour et nuit, dans chaque quartier où la situation le nécessite ».
La Croisette accessible
Les plages sont fermées mais pas la promenade de la Croisette que les promeneurs de chien et les joggeurs en solo peuvent emprunter s’ils sont en possession de l’attestation. Du côté des plages privées aux portes closes depuis lundi, c’est évidemment la longue attente avant la réouverture. Ce secteur fait travailler 60 % de saisonniers, lesquels devaient prendre leur poste mi mars ou début avril. Olivier Rotondaro, président des plagistes cannois, s’inquiète et s’interroge. « J’espère qu’il y aura prolongation des droits au chômage pour ces saisonniers, parfois en fin de droits, qui étaient embauchés sur nos plages ».