Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Grande distributi­on : « Les clients nous disent merci »

Après la ruée sur les produits de première nécessité, la situation serait sur le point de s’apaiser dans les supérettes et les hypermarch­és Chez les clients, on peut voir le meilleur… comme le pire

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Anny Courtade, « patron » de Leclerc (parce que le monde des affaires, pour elle, n’a pas de genre) n’en croit pas ses yeux. « Jamais je n’aurais imaginé que cela puisse se produire de mon vivant » ,sedésole l’octogénair­e mais hyperactiv­e présidente de l’AS Cannes Football. La ruée sur ce que la grande distributi­on désigne par un ratio, 20/80, soit les 20 % de produits les plus vendus en magasin, l’a sidérée. Pâtes, riz, sucre, huile. « À quoi il faut ajouter le papier hygiénique, sans aucun lien avec les symptômes décrits dans le cadre de ce virus. C’est incompréhe­nsible. » Si elle admet que, dans les quarante-huit heures ayant précédé l’annonce du confinemen­t, une partie de la population ait pu s’inquiéter de manquer d’un peu de tout, elle le martèle : « Nous n’avons absolument aucune difficulté d’approvisio­nnement. » Dans son entreprise, les salariés sont dotés de masques, de gel, de gants. Des écrans de plexiglas équipent les caisses et l’accueil. Et la distance d’un mètre est matérialis­ée au sol, soulignée si besoin par des vigiles. « Dans l’ensemble, les clients comprennen­t. Et moi, je veux rendre hommage à nos employés. Après le personnel soignant, ce sont eux qui sont sur le pont pour ravitaille­r la France entière. »

« D’utilité publique »

Anny Courtade a raison. On allait l’oublier, sans les caissières et sans le personnel en rayon, point de salut pour l’alimentati­on. Mardi encore, en haut de Gorbella, à Nice, la file d’attente s’étirait sur tout le parvis, depuis les portes de Carrefour jusqu’à la station-service. «Des gens se battaient pour passer devant », constate Dominique Larose, responsabl­e du commerce àlaCGT06. « Au risque de paraître vulgaire, il y en a, on dirait qu’ils ont plus peur de crever de faim que de mourir du coronaviru­s. » Ces comporteme­nts « irrationne­ls », cette agressivit­é « exacerbée par la crainte » , rien de tout cela ne suffit à convaincre les impatients de se précipiter dans les allées. Dès 8 h 30. Au mépris du fameux mètre de sécurité. Toujours à Nice, à Désambrois, un membre du personnel s’est fait insulter pour avoir osé demander à un retraité très âgé de respecter cette distance de sécurité. Une représenta­nte de la direction évoque des incidents très heureuseme­nt minoritair­es. Et se félicite du soutien dont les caissières bénéficien­t le plus souvent : « Des clients nous disent merci. Finalement, nous ne sommes pas si nombreux à aller bosser tous les jours. Si bien que nous avons le sentiment d’exercer un métier d’utilité publique. Cette dimension, jusqu’à présent, on ne la mesurait pas. Les gens découvrent que le commerce d’alimentati­on, c’est important. »

 ?? (Photo d’archives Pudy Koscas) ?? « Je veux rendre hommage à nos employés. Après le personnel soignant, ce sont eux qui sont sur le pont. »
(Photo d’archives Pudy Koscas) « Je veux rendre hommage à nos employés. Après le personnel soignant, ce sont eux qui sont sur le pont. »
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France