Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Le Conseil national Les points forts de la résolution
Quelles mesures sanitaires ?
« Cette crise, sans précédent, est non seulement sanitaire, mais aussi sociale et économique. En ce sens, elle revêt donc une dimension éminemment humaine et politique. (...) Le Conseil national est appelé à être un acteur institutionnel incontournable dans la mesure où les décisions qui ont déjà été prises ou qui vont l’être par le gouvernement vont impacter de manière considérable les dépenses publiques et donc la loi de budget. Elles engagent donc pleinement la compétence constitutionnelle de l’Assemblée, qui vote le budget de l’État. » Le Conseil national s’est affirmé avec force dans sa proposition de résolution qui définit de nombreuses mesures qu’il souhaite voir mises en place par le gouvernement. Et il attend des réponses. Vite. Très vite. Les élus considèrent que « la communication [du gouvernement] a été au mieux brouillée, au pire inaudible », a lancé Guillaume Rose. Alors les conseillers nationaux veulent du concret. Ils ont pris la parole, un à un, sans rien lâcher. « L’heure est grave, a lancé Thomas Brezzo. Vous vous devez d’apporter des réponses à la population. » Et de pointer du doigt « des mesures insuffisantes. » Béatrice Fresko (HM) souligne : « La Principauté se doit d’être exemplaire. (...) Soyons vigilants à ne laisser personne sur le bord du chemin. » Et l’élu Jean-Louis Grinda (UM) : « Il faut préparer l’avenir. (...) Tous unis, plus que jamais, derrière le souverain, nous surmonterons cette épreuve. » Alors, pour y parvenir, les élus, unanimes, ont voté une proposition de résolution avec de très nombreux points (). Les mesures sociales et pour les entreprises seront traitées dans notre prochaine édition.
Après le vote de la proposition de résolution, l’échange entre les conseillers nationaux et le gouvernement a été très tendu. Didier Gamerdinger n’a pas su donner le « la » en prenant la parole. Le conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales et de la Santé a bien tenté de lister les mesures et décisions prises depuis janvier. Pour finir par : «La solidarité est entière. Nous nous devons d’être à la hauteur. » Mais Stéphane Valeri a aussitôt poussé le gouvernement dans ses retranchements. Il n’a que faire des « exposés didactiques ». Il veut « des réponses concrètes à des questions concrètes ». Et de noter que, par la voix de Robert Colle, secrétaire général, le Ministre d’État étant absent pour cause de coronavirus, « le gouvernement refuse de répondre aux questions du Conseil national ». Robert Colle, lui, n’entend pas rentrer dans les « questions d’ordre individuel. Nous ne sommes pas dans une enceinte où il y a des accusés et des accusateurs ». Nathalie Amoratti-Blanc questionne de nouveau : « Est-on en pénurie de masque ? Oui ou non ? A-t-on anticipé ? » Didier Gamerdinger considère qu’il n’a pas à répondre. Ce qui fait bondir le président du Conseil national : « Répondre que vous n’avez pas à répondre, ce n’est pas une réponse. » Alors Didier Gamerdinger recommence, didactique, mais d’une autre façon : « L’objet de cette séance est de nous positionner avec votre propre résolution. » Bref, être dans les idées générales, pas faire du cas par cas.
« Nous demandons le respect de la Constitution »
Ça ne semble pas convenir mieux au président du Conseil national. « L’unité nationale, elle se prouve. Il y a une demande très forte des Monégasques, des résidents et des salariés. Nous demandons le respect de la Constitution. Bon sang, servez-vous du Conseil national. Pour que le prince puisse arbitrer, il faut qu’il puisse entendre la voix du Conseil. Nous, Conseil national, nous avons la confiance de la population. Nous avons des idées, des cerveaux. Nous ne sommes pas des ennemis. Je ne comprends pas votre attitude. Nous souhaitons l’unité nationale. Dès demain matin, vous aurez un groupe de travail restreint qui a des idées à vous donner. Ce groupe de travail permettrait de faire avancer le pays dans la bonne direction. Nous sommes demandeurs d’échanges et de débat. Je suis stupéfait par l’accélération du temps. Le temps joue contre nous. Le groupe de travail, c’est demain. »
En matière sanitaire, priorité des priorités, le Conseil national demande plusieurs actions. ■ « Prendre sans délais toutes les dispositions nécessaires afin de protéger les capacités d’accueil de nos établissements de santé, en particulier des lits de réanimation, de soins intensifs et de pneumologie, pour prendre en charge les patients les plus sévèrement atteints dans les prochaines semaines. Cela concerne le Centre hospitalier Princesse Grace, le Centre cardio thoracique de Monaco et l’Institut monégasque de médecine du sport, qui doivent coordonner leurs actions. » ■ « Anticiper le pic de contamination susceptible de saturer les capacités d’accueil de l’hôpital et des établissements Centre cardio thoracique de Monaco et Institut monégasque de médecine du sport, en prévoyant d’aménager, si besoin, un autre espace dans un bâtiment adaptable pour l’accueil des malades. » ■ « Mettre tout en oeuvre pour pouvoir disposer, à Monaco, des derniers traitements antiviraux disponibles, en France et à l’étranger, en levant tous les obstacles administratifs et réglementaires. » ■ « S’assurer de l’approvisionnement en matériel nécessaire à la protection des personnels soignants avant tout, et aussi pour la police, les pompiers, les personnels qui assurent la garde des enfants des personnels de santé et autres personnels sollicités par l’État, et encore pour les infirmiers à domicile et les auxiliaires de vie qui assurent le service à domicile pour tous nos aînés. Il faut, dans ce but, mobiliser les entreprises monégasques qui sont en capacité d’aider. » ■ « De manière générale, tout mettre en oeuvre pour assurer l’approvisionnement en masques de protection et en gel hydroalcoolique pour toutes les populations particulièrement exposées et notamment ne pas laisser dans l’inquiétude les familles des patients contaminés. » ■ « Réglementer les prix des gants, comme ceux des masques et des gels hydroalcooliques, avec des contrôles et des sanctions s’il y a des abus. Personne ne doit pouvoir profiter de cette crise à des fins spéculatives. » ■ « Coordonner l’ensemble des acteurs de soins publics et privés, afin de permettre le meilleur travail commun possible avec une prise en charge médicale globale, à la fois des patients hospitalisés et de ceux maintenus à domicile. »