Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
COUVRE-FEU À NICE, MENTON, ROQUEBRUNE ET VALLAURIS
Les autorités n’ont pas annoncé hier de prolongation du confinement, mais vont contrôler de manière encore plus stricte le respect des consignes. Une nécessité alors que le pays a dépassé les 12 000 cas détectés depuis l’origine, avec près de 1 300 malades en réanimation
La France n’en est qu’au « début » de l’épidémie de coronavirus, et le confinement de la population va être imposé avec plus de vigueur, ont averti hier les autorités. « C’est une course de vitesse engagée avec le virus, mais alors même que nous sommes au début, nous avons besoin de garder beaucoup de réactivité », a insisté Emmanuel Macron en visite à la cellule interministérielle de crise, avant un nouveau Conseil de Défense. Une prolongation du confinement « n’a pas été actée », a indiqué le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner après la réunion, mais les indications en ce sens se sont multipliées. Il pourra cesser « quand le virus ne circulera plus », a de son côté lancé dans Le Figaro Olivier Véran, le ministre de la Santé, en estimant le nombre de malades actuels en France à 20 000 – soit nettement au-dessus du nombre de cas effectivement détectés (voir notre infographie ci-dessous).
Au moins six semaines de confinement ?
« Ça dépendra un peu de la courbe de l’épidémie (...) mais on peut penser que ça va être plus que 15 jours, ça sera autour de six semaines, voire plus », a pronostiqué le docteur Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’infectiologie à l’Inserm. D’autant que les Français semblent avoir du mal à prendre conscience de la réalité et accepter un confinement rigoureux. En réaction, Christophe Castaner n’a pas annoncé de nouvelles mesures, mais prévenu que celles déjà décrétées seront appliquées « de façon plus stricte encore » alors que 100 000 membres des forces de l’ordre ont été déployés, avec amende forfaitaire de 135 euros à la clé en cas de « violation des interdictions de se déplacer hors de son domicile ».
De plus en plus d’espaces verts fermés
De nombreuses voix dans le monde de la santé, en première ligne face à l’épidémie, réclament pourtant des mesures plus sévères, et les autorités veulent resserrer les boulons, notamment alors que le week-end s’annonçait hier ensoleillé. Les contrôles seront d’ailleurs multipliés dans les gares (seulement 15 % des trains grandes lignes circuleront) et aéroports, a martelé le ministre de l’Intérieur. « Ne partez pas en week-end », a imploré de son côté hier soir, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. « Vous risquez de transporter sans le savoir le virus des grandes villes vers les campagnes (...) mais aussi de vous retrouver dans une zone où il n’y a pas forcément d’infrastructures sanitaires capables de prendre en charge beaucoup de malades. » Des personnes déjà verbalisées pour sorties nonjustifiées ont ainsi été placées en garde à vue pour « mise en danger de la vie d’autrui » (lire ci-dessous). Et les lieux fermés se sont multipliés : à Paris, où tous les espaces verts ont déjà été clos, les quais de Seine prisés des joggeurs ont été fermés, comme ceux de la Garonne à Bordeaux. Et Lille a fermé le parc de la Citadelle, son principal espace vert, après des «abus».