Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« D’ici la mi-avril, on va produire tonnes de gel »
À le gouvernement princier a autorisé trois sociétés du pays à produire en grande quantité du gel hydroalcoolique. Les pharmacies, elles, peinent à se réapprovisionner
Qu’on se trouve en France ou à Monaco, la donne ne change guère. Le gel hydroalcoolique est une denrée rare. Un Graal d’hygiène sanitaire difficile à se procurer en ces temps de crise. En Principauté, le gouvernement a pris des décisions en ce sens. Jeudi, il a encadré les prix de vente – au détail et en gros – pour éviter les dérives commerciales dans un contexte de forte demande. La semaine dernière, il avait autorisé les pharmacies du pays à produire leur propre gel hydroalcoolique (1), elles qui peinent à se fournir et sont contraintes d’afficher « rupture de stock » à leurs clients. Problème, le système a ses limites. « On a fabriqué une dizaine de litres, soit vingt flacons, mais il y a deux matières qui manquent principalement : la glycérine (ou glycérol) et les flacons. D’après mon fournisseur, les stocks sont réquisitionnés », confie Jean-Luc Bughin, pharmacien sur le boulevard PrincesseCharlotte à Monaco.
« La solution vient des industriels »
« La solution vient des industriels. Nous, pharmaciens, n’avons pas la capacité de produire des tonnes et des tonnes pour détendre le marché », souffle Georges Marsan, pharmacien sur la place d’Armes et maire de Monaco. Justement, par une décision ministérielle signée ce mardi par le
Ministre d’État, le gouvernement princier a autorisé trois sociétés monégasques à produire du gel hydroalcoolique en grande quantité : Coty Lancaster, Asepta et Prodifac. La première « étudie la possibilité de fabrication. Si cela aboutit, ce sera pour la semaine prochaine ». La seconde, ayant fermé son laboratoire ce mardi soir pour assurer la sécurité de ses collaborateurs, s’est retirée. C’est la société Exsymol-Sedifa qui s’est proposé d’en fabriquer. « À l’origine, nous sommes un fabricant de principes actifs pour la cosmétique. Notre activité est très impactée par la crise sanitaire. La société est en activité réduite à partir de ce soir (lire hier soir), explique Pierre Bondon, le P.-D.G. C’était un devoir civique de participer à la lutte contre ce virus. Alors, nous avons adapté notre outil de production, fait jouer nos réseaux pour les matières premières. On a fabriqué un premier lot de 285 bidons de 5 litres, soit 1 425 litres. Un lot similaire partira la semaine prochaine. » C’est la Croix-Rouge monégasque, pilotée par le Département des Affaires sociales et de la Santé, qui a réparti le gel providentiel.
« La priorité numéro »
La troisième entreprise, Prodifac (2), elle, tourne déjà à plein régime. Et achève sa deuxième semaine de production, dans une logique de montée en puissance progressive. « Il y a quelques années, on avait arrêté la production de gel hydroalcoolique à la demande de nos clients. Avec la crise, on a repris. Le gel hydroalcoolique est la priorité numéro 1. On a dû revoir la formulation, remettre en place nos lignes d’approvisionnement, détaille Alain De Roany, président délégué. La semaine dernière, on a produit 500 litres, cette semaine 2 000 litres, la semaine prochaine 3 300 litres. À partir du 30 mars, on sera à 5 400 litres par semaine. L’objectif à la mi-avril, c’est de produire 20 tonnes de gel hydroalcoolique. Selon les pénuries, il faut sans cesse jongler. » Sa production devant se retrouver dans deux grosses officines de la Principauté. (1) En utilisant la formule de l’Organisation mondiale de la Santé : un dosage d’alcool à 90 degrés, peroxyde d’hydrogène et glycérine (ou glycérol). (2) Une société qui fabrique des produits cosmétiques, biocides, des produits d’hygiène, pour les pharmacies et la grande distribution.