Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Secteur du bâtiment : vers un terrain d’entente ?
À la suite d’échanges virulents entre le gouvernement et les professionnels du BTP, notamment sur le maintien des chantiers, le conflit semble s’apaiser. Des « règles strictes » sont attendues
Le flou le plus total. L’incohérence. La colère aussi. Pour les professionnels du bâtiment et des travaux publics, les coups de gueule se sont multipliés. Dans le viseur, notamment, les propos tenus par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud sur le plateau de LCI, jeudi. « Quand un syndicat patronal dit aux entreprises : “Arrêtez d’aller bosser, arrêtez de faire vos chantiers”, ça, c’est du défaitisme [...] On a besoin de tout le monde sur le pont », faisant référence à l’arrêt d’activités de certaines sociétés en raison du Covid-19 et à cette activité essentielle à l’économie du pays. Des attaques frontales qui ont fait bondir les premiers concernés.
« Scandaleux »
Au niveau national, Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment
Dans une lettre ouverte adressée à la ministre du travail, ce jeudi, il écrit : « Aucune de nos entreprises, aucun de nos artisans, ne se sont mis dans une position de tire-au-flanc face à la situation actuelle ! C’est la mort dans l’âme que nombre d’entre eux ont dû cesser leur activité et mettre leurs salariés à l’arrêt ».
« Pas de moyens pour protéger nos salariés »
La gronde résonne aussi à l’échelle locale pour ce secteur qui compte 5 000 entreprises dans les Alpes-Maritimes : « S’entendre dire que nous sommes des fainéants, ça, c’est inadmissible », s’est égosillé, hier, un patron de maçonnerie qui préfère garder l’anonymat. Et d’expliquer : « Je souhaitais respecter le confinement afin d’être en phase avec les préconisations de l’État mais, à ce jour, rien n’est clair pour nos entreprises. Nos comptables nous disent que nous ne sommes pas certains d’avoir droit au chômage partiel. » Le Niçois appuie : « On nous demande d’aller travailler mais nous n’avons pas de moyens pour protéger nos salariés : pas de masques, pas de gel. ». Même son de cloche pour Sabrina Cugge. Elle est présidente de la société niçoise de travaux publics C4. « Les pouvoirs publics saventils comment se déroule précisément un chantier ? Pour se déplacer, par exemple, nos gars sont à trois dans des fourgons. Nous n’avons pas les moyens de proposer un véhicule pour chaque salarié. Les professionnels ne peuvent pas travailler seuls, ils sont souvent côte à côte, portent des charges lourdes », insiste-telle. Le ton est ferme pour cette patronne : « Nous ne mettrons pas en péril la santé de nos salariés, sans protection, sans mesures précises. » Puis, vient, le temps des
« Les entrepreneurs du bâtiment, je les comprends. Ils ont des salariés, ils sont responsables comme tout entrepreneur, comme tout chef d’entreprise, de la protection de leurs salariés. » « protocole »
« Nous définirons ensemble, je l’espère sous ou heures, des règles sanitaires strictes qui s’appliqueront à tous les chantiers. » Les professionnels, en attente de réponses claires, restent à l’affût.
questions sans réponses.
Des questions à la pelle
« Comment faire tourner toute la chaîne du BTP : des concessionnaires, en passant par les mairies qui ne reçoivent plus le public ? », interroge Marion, dans le secteur des promoteurs. « Comment récupérer notre matériel, alors que certaines enseignes sont complètement fermées », questionne Alberto Zona, patron de l’entreprise cagnoise Renove conseil. « Que dire à nos salariés qui doivent continuer à
travailler alors que les mesures liées au confinement se durcissent ? », questionne un autre professionnel. « Quid de la question du chômage partiel jugé inadapté pour nos professions ? », commentent, à l’unisson, les professionnels. Face à cette fronde, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, s’est exprimé, hier matin [lire ci-dessus]. La réponse gouvernementale pour apaiser ces vives tensions et ces incompréhensions ?