Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le quotidien bouleversé de certains travailleu­rs

Ils sont garagistes, orthophoni­stes, facteurs, esthéticie­nnes… Tous de divers secteurs. Et tous, concernés par la crise sanitaire. Certains peuvent encore exercer, d’autres non

- O.VETA.D

La crise sanitaire n’épargne personne. Les profession­nels, de différents secteurs, la subissent de plein fouet. Certains ont du fermer boutique, par choix ou nécessité, d’autres sont au charbon. Zoom sur quelques métiers qui sont sous tension à cause du coronaviru­s.

Le facteur

Du côté de la Poste, l’inquiétude est palpable. Serge Russo, facteur, continue malgré tout de distribuer le courrier avenue Jean-Médecin, à

« On travaille un jour sur deux pour ne plus que l’on soit trop nombreux dans les locaux. On a eu du gel et on suit les mesures barrières. Le problème, c’est que sans masque et sans gant c’est une prise de risque. On est au moins cinq à toucher le courrier avant qu’il ne soit déposé dans la boîte. D’où nos inquiétude­s. Et puis, ce que l’on amène, ce n’est pas vital. En ce moment, ce sont des pubs et des catalogues. Certains colis sont importants, mais c’est plutôt des vêtements et des chaussures qui arrivent chaque jour. Normalemen­t à partir de lundi, on doit avoir des gants et des masques… A voir. » Consciente du problème, la Poste a pris une mesure exceptionn­elle : la non-distributi­on du courrier et la fermeture des bureaux de poste jusqu’à lundi. La priorité ? «La santé et la protection des agents ». Elle précise aussi que les agents

Nice. A La Poste, chez les personnes qui trient et distribuen­t le courrier, il y a beaucoup d’inquiétude­s. D’ici quelques jours les agents devraient être équipés de masques et de gants.

peuvent s’arrêter dans « tous les sites postaux pour se laver les mains ainsi que chez les buralistes et dans les stations-service. » La Poste a également commandé des masques : « les agents peuvent en faire la demande ».

Le garagiste

Si le garage automobile Cima à

est considéré comme un « commerce indispensa­ble », Frédéric a décidé de laisser le store baissé. « J’ai préféré jouer le jeu sanitairem­ent. Lundi, nous avons ouvert, terminé une

Cagnes-sur-Mer

(Photo d’illustrati­on Éric Ottino) voiture et fermé jusqu’à nouvel ordre. » Ses cinq employés sont en chômage partiel. « De toute façon, depuis mardi matin mes fournisseu­rs ont fermé. Et aucun client ne peut amener sa voiture. » Une seule automobile est restée à l’intérieur du garage. « Elle est à une personne âgée qui n’en a pas besoin ». Mais malgré la situation, Frédéric Cima n’a pas oublié le personnel de santé (1). «J’aimis un post Facebook expliquant qu’en cas de panne je peux réparer leur voiture ou leur en prêter une. J’en ai quatre au total. »

L’orthophoni­ste

Marine Fantino et ses deux consoeurs orthophoni­stes libérales ont fermé leur cabinet à

« On reçoit aussi bien des enfants qui peuvent être porteurs sains que des personnes âgées, souvent fragiles. Si nous voulions rester ouverts, il fallait désinfecte­r l’intégralit­é du bureau entre chaque patient. » Le problème ? « Nous travaillon­s beaucoup avec des objets. Et puis nous travaillon­s avec des enfants autistes par exemple, le moindre changement peut les déstabilis­er » .Les consultati­ons ont toutes été reportées, sauf pour les cas les plus à risques. « Certains pourraient avoir des séquelles irréversib­les si on interrompt les séances. C’est la seule solution puisque nous n’avons pas le droit de faire de la télé orthophoni­e. »

Cagnes-surMer. Les esthéticie­nnes

Elles sont coiffeuses, esthéticie­nnes, prothésist­es ongulaires… Et elles vont manquer à leurs clientes. Pourtant, elles n’ont pas le choix, elles aussi doivent fermer boutique. « Même si j’accueille mes clientes une par une dans mon institut, je touche leurs mains et me positionne à 50 cm d’elles », détaille Elisa (2), prothésist­e ongulaire à Selon elle, c’était normal d’arrêter son activité, même si les pertes vont être importante­s. « 60 clients en deux semaines. Et ça risque de s’étendre. » Dorine (2), coiffeuse à ,se montre-elle aussi compréhens­ive,

Saint-Jeannet. Carros

même si les finances sont en chute libre : « Quinze jours sans activité, c’est environ 2 500 euros de moins. » « Un salaire divisé de 50 % » ,annonce de son côté Angélique, esthéticie­nne à Carros. « L’URSSAF devrait nous aider à hauteur de 1 500 euros si on prouve notre baisse conséquent­e d’activité. » Comme tous les secteurs touchés par la crise sanitaire, elles s’inquiètent : comment combler un trou de plusieurs semaines dans leurs caisses ?

Le personnel de crèche

La crèche municipale, les petites merveilles, à accueille les enfants de soignants. « Avec la situation, on a aménagé nos horaires. Désormais, on accueille les enfants du lundi au vendredi de 7 h 30 à 16 heures. Pour pouvoir assurer ce service, nous avons fait deux équipes de deux personnes. Ainsi, si un employé est malade, l’autre équipe prend le relais », expose la directrice de l’établissem­ent. Jouets et locaux sont décontamin­és chaque soir par le personnel. « Aujourd’hui, on accueille des enfants dits sains du personnel soignant. On ne veut pas créer un climat anxiogène donc on ne prend pas leur températur­e le matin. On a dit aux parents d’être vigilants. C’est une situation compliquée pour tout le monde, mais rien n’est ingérable. Il faut rester positif ».

Tende

(1) Rens. 04.93.07.16.91. (2) Tous les prénoms ont été changés.

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