Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Faire l’école à la maison : enfer ou paradis ?
De la maternelle au lycée, les profs ont adopté les cours à distance et fourmillent d’idées créatrices. Les élèves et les parents jouent jeu, en grande majorité, malgré quelques soucis...
Le télétravail, c’est du boulot ! » Réflexion d’un prof azuréen confiné chez lui, comme tous les Français, qui depuis une semaine jongle avec les cours à distance. Avec ses élèves, Fabienne Langoureau, professeur de français au lycée Calmette à Nice, a instauré un rituel. « Tous les matins on se retrouve sur WhatsApp pour se donner des nouvelles. » L’occasion pour elle de donner ses consignes de travail. Hier, Fabienne a donné rendez-vous à ses élèves sur une autre appli, pour un cours virtuel sur Tartuffe. « Les élèves peuvent me voir et moi, je les entends uniquement. Cela permet de beaux échanges mais ne remplacera jamais les cours au lycée. »
« Maintenir le lien avec mes élèves »
Outre ses cours postés sur l’espace numérique de travail (ENT) de son collège, Sophie, prof d’espagnol a donné son adresse mail et son numéro de portable à ses élèves, avec pour consigne de la joindre en cas de difficultés sur des cours et devoirs. « Résultat : je reçois des tas de sms et mon portable n’arrête pas de sonner, rigole-t-elle. Mais ça me permet de garder le lien avec mes élèves. De retrouver une partie de l’interactivité en classe que je n’ai plus. » Alors, ça marche l’école à distance ? De l’école au
Depuis le lancement de l’école à la distance, les profs ont posté des cours, des devoirs en ligne, fixé des rendez-vous pour des classes virtuelles. Et les élèves, ici Chiara et Alessio, jouent le jeu...
lycée, la réponse des profs est unanime : oui. « Tout le monde est sur le pont de la continuité pédagogique, avec à la clé un bouillonnement d’idées », salue Gilles Jean. Il est secrétaire départemental du SNUIpp, syndicat enseignant du 1er degré.
« Tout le monde se connecte en même temps »
Des exemples ? Cours, devoirs postés sur les ENT, pièces de théâtre à regarder en ligne, visites de musées virtuelles... Et les élèves suivent, jouent le jeu massivement. « Quand on arrive à se connecter, nuance Philippe, père de deux enfants, dont l’aîné est au Parc Impérial à Nice. Du coup, je fais des captures d’écran pour avoir la liste des devoirs à faire. » Pour résoudre les difficultés techniques d’une école à distance, le Parc Impérial a distribué des tablettes aux élèves qui n’en avaient pas et lancé une plateforme téléphonique. « Nous recevons une centaine d’appels par jour sans compter les courriels. La grande partie a trait aux difficultés d’accès à l’ENT, reconnaît Hervé Beauvais, proviseur. Parce que tout le monde se connecte en même temps et le réseau sature. Avec les jours, cela va se réguler, d’autant que la plateforme pédagogique fonctionne 24 heures sur 24. » Depuis le confinement, Philippe gère ses deux enfants et les devoirs avec. «Mon fils qui est en 5e travaille au moins 3 heures par jour, presque autant que sa petite soeur en CE1 ». Pas très efficace, alors ?
« Entretenir les acquis scolaires »
« L’école à distance a pour but d’entretenir les acquis des élèves, pour qu’ils ne reviennent pas en classe en ayant tout oublié. Non d’acquérir de nouvelles connaissances », tranche Gilles Jean. Un avis partagé par le proviseur Hervé Beauvais. « Cette situation est anxiogène pour les élèves. Il faut (Photo Philitipe Bertini) d’abord et avant tout maintenir un lien social et pédagogique avec eux. C’est cela qui est important, plus que les nourrir des cours. » Des cours et devoirs en ligne que les élèves bossent, à quelques exceptions. «Ce sont les élèves en grandes difficultés, les décrocheurs. Reposant sur le travail en autonomie, l’école à distance accentue ces difficultés, souffle Fabienne Langoureau. Tous les élèves n’ont pas la chance d’avoir deux parents profs à la maison ! » Cette inquiétude est partagée par certains lycéens niçois en terminale qui, en juin, ont le bac à passer. Eux, ont lancé une pétition en ligne pour crier leur «angoisse
« même si des aménagements seront sans doute nécessaires en raison de la crise sanitaire », « C’est impossible,
Les enseignants suivent le programme comme ils l’entendent, c’est la liberté pédagogique. » Reste la possibilité de décaler le bac en septembre. Pour le rectorat de Nice, il est surtout urgent d’attendre ....
», réclamer un allègement du programme au bac qu’ils ont «peurdenepas finir à temps ». Une pétition qui à peine postée sur le Net, a recueilli plus de 13 000 signatures...