Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
L’hôpital de Monaco passe à la vitesse supérieure
Au Centre hospitalier Princesse-Grace, les services se réorganisent pour faire face à une pandémie inédite. Et assurer la continuité des traitements des maladies graves…
Le Centre hospitalier Princesse Grace (CHPG) accélère son organisation pour faire face à la pandémie dont le pic est à venir. Heureuse nouvelle : «Àce jour, il n’y a pas de personnel soignant positif au Covid-19 », affirme Benoîte de Sévelinges, à la tête de l’hôpital qui compte 2 531 salariés. À partir de lundi, une cinquantaine d’administratifs (seulement) pourront enfin travailler à distance. Monaco a-t-il pris conscience suffisamment tôt du risque sanitaire ? « Nous avons à faire face à une situation sans précédent au sujet de laquelle nous apprenons des choses nouvelles chaque jour, explique Jean-Michel Cucchi, le président de l’Ordre des médecins de la Principauté. Dans ces conditions, on peut comprendre que les autorités, comme celles d’ailleurs de nombreux pays, n’aient pas d’emblée pris la pleine mesure de la gravité de cette pandémie. C’est sans nul doute chose faite aujourd’hui. »
« Intense mobilisation »
« Dès le 25 février, une réorganisation des services a été réalisée pour permettre de séparer les flux de patients dits “suspects” et les autres », souligne Benoîte de Sévelinges, directrice du CHPG. Une mesure appropriée même si certains patients détectés positifs au coronavirus sont arrivés au service des Urgences sans précaution particulière. Depuis, l’hôpital de Monaco s’organise : « Actuellement, nous disposons de deux services d’urgences, de deux unités d’hospitalisation dédiées également et de deux services de réanimation. De même, un circuit dédié est mis en oeuvre pour la réalisation des scanners. Cette réorganisation du CHPG a demandé une intense mobilisation des équipes médicales, soignantes, ouvrières et administratives tout au long de ces dernières semaines. L’engagement et la mobilisation de tous sont exemplaires. » Évidemment, cette réorganisation ne peut être efficace que si le personnel est préservé. « Certains professionnels vont être placés en maintien, à domicile, en réserve pour assurer les remplacements et activer les ressources complémentaires, explique Benoîte de Sévelinges. Les organisations et horaires de travail seront modifiés en lien avec les équipes de terrain pour s’adapter à la situation et réduire la fatigue des personnels mobilisés. »
Les malades qui suivent le parcours mis en place par la Principauté sont prélevés au CHPG. « Les tests, nécessitant aujourd’hui une technologie particulière de virologie, sont réalisés pour l’instant aux CHU de Nice et Marseille, explique Mathieu Liberatore, président de la Commission médicale d’établissement (CME) du CHPG. Nos prélèvements sont donc envoyés sur ces sites. La capacité d’analyses de ces laboratoires est certes importante, mais ils sont également de plus en plus sollicités depuis quelques jours, et de fait les résultats peuvent mettre plus de 12 heures à nous revenir. » L’attente est longue et particulièrement anxiogène. Un espoir pour accélérer le process ? «La technologie utilisée tout récemment en Corée du Sud, utilisant un automate, permet d’obtenir des résultats en une heure. Cela serait bien évidemment très profitable dans la gestion des flux de patients suspects. Malheureusement, ce matériel ne bénéficie pas pour l’instant du marquage CEE. Cela devrait être le cas d’ici trois semaines nous l’espérons, et dans ce cas le CHPG s’en équiperait. » Benoîte de Sévelinges, directrice du CHPG, confirme : « Nous attendons la validation médicale des tests rapides afin de pouvoir démarrer. »
Aucune réponse n’a été donnée par le gouvernement… Hier, Mathieu Liberatore, le président de la Commission médicale d’établissement du CHPG, expliquait : « Les stocks de masques sont faibles et les réapprovisionnements sont jusqu’à présent difficiles. Le personnel hospitalier qui est au contact des patients est protégé comme il se doit, avec des masques chirurgicaux, sauf le personnel ayant certains actes ou soins à forts risques devant porter des masques filtrants de type FFP. » Et Jean-Michel Cucchi de poursuivre : « Concernant la médecine de ville, la situation est tendue en ce moment car vous conviendrez qu’il est difficile pour un médecin de respecter la “distance de sécurité” et d’examiner son patient. Les choses ne sont pas faciles car, comme vous l’avez remarqué, la demande est forte dans toute l’Europe et au-delà. La situation devrait cependant s’améliorer prochainement. À ce sujet, je voudrais remercier tout particulièrement la société Exsymol qui a fourni gratuitement des masques pour les médecins libéraux et qui va produire à prix coûtant , tonne de gel hydroalcoolique. » Benoîte de Sévelinges, directrice du CHPG, qui s’explique dans nos colonnes pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, souligne : « Il n’y a pas de pénurie de masques, mais un approvisionnement qui est difficile et qui mobilise l’attention de l’établissement et du gouvernement. Nous avons reçu des dons de la Croix-Rouge et de la CMB. La société Exsymol a également mis son stock à la disposition des professionnels de santé. Nous tenons à les remercier publiquement. » Selon nos sources, masques ont effectivement été donnés par la Compagnie monégasque de banque (CMB).