Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Alain Férard ou la passion de l’art du bonsaï à Cagnes

Fier de sa centaine d’arbres miniatures, cet autodidact­e dans l’âme adore partager son amour de cette pratique japonaise ancestrale, qu’il a adaptée chez lui, dans son jardin

- LAURENT QUILICI lquilici@nicematin.fr

Le bonsaï, c’est sa passion. Au point qu’Alain Férard ne sait plus où les mettre. Il en a plein son jardin, autour de sa villa à Cagnessur-Mer. Il a à peu près tout essayé avec ses arbres nains. Mais il ne s’en lasse pas et partage avec plaisir son bonheur de vivre au quotidien au milieu de la forêt miniature qui est son oeuvre. Qui ne connaît pas les bonsaïs ? Mais en créer soimême, c’est autre chose. Et c’est ça qui plaît à Alain : « Je n’en achète plus. J’en vois parfois de très beaux mais ce ne seront pas les miens. » Autodidact­e au départ, il a beaucoup appris au contact de quelques bonsaïstes chevronnés et du pépiniéris­te Petrucciol­i. Il a été président d’un petit club en entreprise durant plusieurs années mais est plutôt solitaire. Il a fait des exposition­s, notamment à Gattières, mais a arrêté à cause du travail que ça demande.

Dès les années 

« J’ai commencé dans les années 80. Pour l’esthétique. Je faisais du karaté, j’habitais alors Golfe-Juan. J’en avais vu dans des livres mais, à l’époque, il n’y en avait quasiment pas en Europe. Un fleuriste avait des bonsaïs en vitrine. J’ai démarré avec lui. J’ai acheté tous ses bonsaïs et je les ai cultivés chez moi [à Valbonne, où j’avais déménagé]. Quand il a pris un autre magasin de fleurs, il m’a laissé tous ses bonsaïs. Il y en avait une cinquantai­ne. Ensuite j’ai fait la connaissan­ce des Okonek qui avaient créé le musée du bonsaï à Biot. Puis j’ai continué avec un collègue de travail. On a même ouvert un magasin de bonsaïs avec ma femme. La vie m’a obligé à m’en séparer, ça ne m’a pas empêché de continuer. On est arrivés à Cagnes en 1989 et ici en 1992. Maintenant, je suis à la retraite et j’ai davantage de temps pour m’en occuper. » Les bonsaïs exigent une patience infinie. Il faut des « Ce sont des sujets vivants, il peut y avoir des accidents, des maladies, un rempotage loupé. Un pommier peut mourir en trois jours. » Sa compagne « trouve ça beau » mais n’y a « pas pris goût ». « Son fils non plus ». Aujourd’hui, Alain a une centaine de bonsaïs. De toutes les espèces : des ormes chinois, des érables du Japon, des ficus… vigne, pour m’amuser. »

« Amateur »

Il préfère partir d’arbres en pépinières, à partir desquels il fait des boutures. Il essaie toutes les formes : tronc droit, tronc sinueux, tronc penché, branches qui descendent sous le niveau du sol, racines aériennes, racines enserrant un rocher, plusieurs troncs sur une souche en forme de tortue… Le plus spectacula­ire, c’est sans doute la « forêt ». Un véritable petit bois miniature de trois à une vingtaine d’arbres. « Je me présente toujours comme un amateur », dit-il modestemen­t. Mais une de ses fiertés est quand même d’avoir été félicité par des Japonais. « Quand je fais une forêt, je respecte la règle du nombre impair d’arbres, même si je n’en connais pas la véritable raison. Les Japonais ont porté l’art du bonsaï au summum. Mais en Occident, nous avons nos propres essences d’arbres et notre propre sensibilit­é. » Son autre fierté : sauver des arbres. « Ce ficus, je l’ai trouvé en train de mourir au MIN il y a vingt ans. Regardez comment il est aujourd’hui. » Sa citation fétiche, affichée au mur dans sa maison : «Un arbre devient bonsaï quand ce bonsaï devient arbre. » Un vrai arbre rayonnant de beauté. alain.ferard0012@orange.fr

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(DR) (Photo L.Q.)

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