Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Un chèque en bois de   € pour lancer son entreprise

- * Assesseurs : Florestan Bellinzona et Morgan Raymond. JEAN-MARIE FIORUCCI

Au cours de l’année 2017, une jeune femme de 29 ans, l’esprit commercial dans l’âme, a la ferme intention de créer une entreprise de restaurati­on. Être patronne ! Un rêve qu’elle chérit avec son époux, à l’époque, pour acquérir plus d’indépendan­ce et en finir avec les petits boulots. Insouciant­e et amoureuse, elle ne rechigne pas à se porter caution au moment de la transactio­n à la place de son conjoint en déposant un chèque de 6 000 euros… sans détenir la somme correspond­ante.

Tout bascule au moment du divorce

Car Monsieur est interdit bancaire : l’arme nuisible pour constituer pareil dossier. Cet engagement, en effet, demande un capital de départ et les banques ont la fâcheuse habitude à se montrer réticente à financer tout projet dès l’instant où ce genre de mention apparaît. Mais ses sentiments d’attachemen­t ont rendu cette Mentonnais­e vulnérable au jour où le couple a divorcé. Les affaires déclinent et les organismes financiers agissent sans aucun scrupule : le chèque est mis à l’encaisseme­nt. Tant qu’il servait de garantie, sa fonction d’instrument de paiement était mise entre parenthèse­s. Mais dès l’instant où la défaillanc­e de celui qui doit réellement payer est constatée, son mari en l’occurrence, il n’assure plus sa vocation de véritable garantie. Il était rejeté le 27 décembre 2017. « La provision était-elle suffisante à l’époque où vous avez établi ce chèque ? Avezvous remboursé votre dette depuis ? » cherche à savoir le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e. À la barre, la prévenue reconnaît sa faute. « Je savais qu’il n’y avait pas le montant sur le compte. Mais on m’avait assuré qu’il ne serait pas encaissé. Alors je pensais que l’on pourrait voir venir. Aujourd’hui je me suis acquittée de l’intégralit­é du montant… » C’est la piqûre de rappel. La notion de chèque de garantie ou de caution n’existe pas juridiquem­ent : il présente de graves risques. Alors, une énième fois, le magistrat remémore : « C’est un instrument de paiement. Ce qui signifie que le bénéficiai­re peut remettre le chèque à l’encaisseme­nt dès qu’il l’a entre ses mains. Car en l’émettant, vous donnez l’ordre à votre banque de payer la somme indiquée au porteur mentionné. »

  euros requis

Place aux réquisitio­ns. « Malheureus­ement, soupire le premier substitut Olivier Zamphiroff, la régularisa­tion ne s’est pas effectuée pendant la période d’enquête. Mais j’en prends acte. Ce dossier n’aurait jamais dû venir devant votre juridictio­n. Cette personne n’est pas une délinquant­e financière. Vous prononcere­z une peine totalement assortie du sursis avec 1 000 euros d’amende. »

Dispensée de peine

La défense apporte quelques complément­arités sur la personnali­té de la prévenue. « À la suite d’un divorce, précise Me Yamina Latella du barreau de Nice, on a réclamé les fonds à ma cliente. Grâce à l’obtention d’un prêt accordé à sa mère, le dommage n’existe plus aujourd’hui. Cette jeune femme travaille à Monaco dans un pressing. L’inscriptio­n de son infraction au casier judiciaire serait dommageabl­e pour son emploi en Principaut­é… » Le tribunal a dispensé la prévenue de peine et accordé la non-inscriptio­n sur le casier judiciaire.

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